#124 « Prenez, ceci est mon corps. »
Par une lettre apostolique appelée Antiquum Ministerium publiée le 10 mai 2021, le pape François a institué un « ministère de catéchiste ». Cela honore avec raison ceux et celles qui assument cette mission. Saint Luc écrit à son jeune ami Théophile disant qu’il s’est bien renseigné sur tout ce que fit Jésus, afin que ce jeune disciple « se rende bien compte de la solidité des enseignements qu’il a reçus. » (Lc 1,4). Belle expression que celle qui vante la solidité des enseignements. Comme il est précieux pour vivre sa foi d’en bien connaître le contenu ! Malheureusement mes tournées dans les écoles primaires démontrent que que la solidité des enseignements n’est pas toujours suffisante. Beaucoup d’ignorances demeurent, mais je constate un certain désir de connaître. À nous d’y répondre en étant plus présents dans ces écoles, prêtres et laïcs.
Qui seront les personnes concernées par ce ministère de catéchiste ? C’est encore à définir. Elles seront des chrétiens croyants et priants, engagés, témoins du Christ par leur vie en cohérence avec l’Évangile. Ces catéchistes seront des témoins de la foi. En effet, comment annoncer Jésus-Christ sans le connaître, sans prier, sans méditer la Sainte Écriture ? Partout, nous voyons le besoin croissant de catéchistes au sein de nos paroisses et de nos écoles catholiques. Ils seront appelés par l’évêque et envoyés pour transmettre la foi auprès des enfants et des jeunes, des adultes recommençants, des fiancés, des catéchumènes, etc. Ils œuvreront pour former nos futurs formateurs. Ils accompagneront fidèlement le chemin spirituel de leurs frères et sœurs. Ils seront aux avant-postes de l’annonce et de la mise en place de processus de transmission de la foi en vue de permettre l’expérience de la présence de Jésus. Le pape note que cette transmission, à l’instar des premières communautés chrétiennes, se réalise au sein de la vie communautaire et ecclésiale. Dans le passé on créait des ordres religieux pour réaliser cette œuvre catéchétique. Au Burkina Faso, je fus admiratif des catéchistes qui venaient au centre diocésain une ou deux années, demeurant là à temps plein avec leur famille pour se former, bénéficiant du prêt d’un simple lopin de terre pour se nourrir, cela bénévolement. Vivre ensemble et fortifier la fraternité est essentiel pour la transmission de la foi car là se vivent des relations d’amour, condition nécessaire de la fécondité.
Être catéchiste est enthousiasmant. Cependant il y a urgence. Les enfants sont ouverts, plus encore que les adultes, aux réalités spirituelles. C’est pourquoi j’espère un projet ambitieux pour nos paroisses appelées à une profonde conversion missionnaire. Le dimanche ne peut-il pas retrouver sa place éminente comme jour du Seigneur ? Pourquoi ne pas faire la catéchèse à tous, le matin avant la messe ? Pourra-t-on se retrouver l’après-midi ? Ou encore chaque samedi matin ? Est-il possible d’associer les parents à la catéchèse de leurs enfants ? En effet, personne ne peut plus soutenir une pastorale de la conservation. La mission appelle de nouvelles méthodes, une ouverture à tous, la volonté de transmettre en toutes occasions, un élan spirituel.
Pourquoi tout ceci ? Car il en va de l’amour que nous avons pour nos frères et sœurs. La mission ouvre à la joie. Elle est un acte d’amour ouvrant à la connaissance de Dieu. Un chrétien qui n’est pas missionnaire est généralement un chrétien tiède, frileux et peu joyeux. Mon expérience de la mission m’a donné d’expérimenter la joie de Dieu en bien des occasions. Vous voulez à votre tour faire l’expérience de la joie ? Soyez missionnaire et catéchiste !
Dans son chapitre sept de « La joie de l’Amour » (Amoris Laetitia), le pape parle de la transmission de la foi. Cela commence avec les enfants. Nous savons que les adultes auront des comportements liés aux joies comme aux blessures de leur enfance. Ces dernières auront un réel impact sur la vie des couples. L’enfant doit acquérir des habitus, de bonnes habitudes mises en place tôt. Leur acquisition se fait par la répétition d’actions bonnes et justes, avec le refus de la compromission avec le mal. Ainsi l’enfant grandit dans la vertu et trouve sa liberté dans le service du bien, du vrai et du beau. Cela se fait lentement, avec réalisme, persévérance et patience, dialogue et encouragement. Présenter la vie des saints ou de figures inspirantes aide jeunes et adultes à s’engager dans ce chemin de sainteté. Il est toujours possible de prendre cette route tardivement, lorsque Jésus frappe à la porte du cœur. L’Espérance chrétienne ne condamne pas et ne baisse pas les bras. On a pu voir cela chez des hommes comme Don Bosco qui sut proposer des méthodes novatrices en encourageant les enfants.
Pour le pape, à la suite des enseignements de ses prédécesseurs, il rappelle que c’est la vie familiale qui est le premier lieu d’éducation. Elle est « la première école des valeurs où l’on apprend l’utilisation correcte de la liberté. » (n°274) On peut y apprendre la patience, dit le pape, savoir attendre plus tard quand ce sera le bon moment dans le respect de la liberté d’autrui. C’est ainsi que le jeune apprend à habiter avec d’autres, à aider ses proches et à comprendre qu’il ne peut pas être le centre du monde. Il apprend le partage et normalement les attitudes écologiques élémentaires : ne pas gaspiller, économiser, conserver. Dans la lumière de l’écologie intégrale, la famille est le lieu d’apprentissage des quatre relations : avec soi, avec les autres, avec la nature et plus que tout avec Dieu. L’être humain a en propre d’être une personne en relation. Pour prévenir les jeunes face au mal et construire leur personnalité dans la liberté, la famille devrait être le lieu de l’éducation sexuelle assumée par les parents. Parler avec ses enfants de la beauté et du sens de la sexualité leur évitera la brutalité des messages et des images véhiculés sur Internet et les réseaux sociaux. Encouragés dans la chasteté, ils apprendront à se réserver pour un bel amour, un engagement durable, sans s’être blessés profondément par des expériences immatures et éphémères.
Enfin, la famille n’est-elle pas le premier lieu de la transmission de la foi ? Elle est « le lieu où l’on enseigne à percevoir les raisons et la beauté de la foi, à prier et à servir son prochain. » (n°287) C’est dès la toute petite enfance que les parents feront vivre ces moments quotidiens de la prière, du « baiser à Jésus ou à la Vierge. » La permanence de la relation avec Jésus-Christ, en famille, transformera les cœurs, permettant aux jeunes de devenir fervents et missionnaires. Enfin, la famille est éducatrice en charité. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus dit que sa maman lui donnait une pièce à offrir à un pauvre, ainsi son cœur se façonnait.
Être un catéchiste, c’est en quelque sorte être ce frère ou cette sœur envers les autres, être un éducateur qui conduit ses amis en se conduisant soi-même dans la lumière divine. Il accompagne chacun avec Jésus le bon berger vers « de verts pâturages, loin des ravins de la mort. » (cf. Ps 23) C’est un grand enjeu de société pour lequel l’Église continuera son chemin aux avant-postes de la vie sociale.
Prions dorénavant avec cette prière merveilleuse, celle du père Léonce de Grandmaison. N’hésitez pas à l’apprendre par cœur, et à l’enseigner à vos enfants. Elle gardera leur âme.
« Sainte Marie, Mère de Dieu,
gardez-moi un cœur d’enfant, pur et transparent comme une source.
Obtenez-moi un cœur simple qui ne savoure pas les tristesses.
Un cœur magnifique à se donner, tendre à la compassion.
Un cœur fidèle et généreux, qui n’oublie aucun bien et ne tienne rancune d’aucun mal.
Faites-moi un cœur doux et humble, aimant sans demander de retour, joyeux de s’effacer dans un autre cœur devant votre divin Fils.
Un cœur grand et indomptable qu’aucune ingratitude ne ferme, qu’aucune indifférence ne lasse.
Un cœur tourmenté de la gloire de Jésus Christ, blessé de son amour
et dont la plaie ne guérisse qu’au ciel.
Amen »