#112 « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. »

Alors que mon dernier message vous parvenait, le saint Père François arrivait en Irak pour un voyage extraordinaire, que certains chrétiens d’Orient disaient être « une lumière dans les ténèbres ! »

Le Pape a écrit l’exhortation Fratelli tutti car la voie de la paix pour l’humanité est de se reconnaître frères et sœurs. Mais comment cela pourrait-il se faire sans rencontres ? Comment cela se réaliserait-il si nous ne nous reconnaissons pas enfants d’un même Père ? En Irak, les chrétiens ont été chassés par les persécutions, les guerres et les massacres. Pourtant, entre musulmans chiites ou sunnites, au milieu des Kurdes et des Yézidis, les chrétiens qui forment plusieurs communautés différentes, orthodoxes et catholiques, sont reconnus comme des médiateurs et des artisans de paix. Ils sont investis dans les soins et leurs hôpitaux sont ouverts à tous, indépendamment des religions. Les écoles chrétiennes sont vues comme des lieux de culture et de savoir nécessaires pour sortir de l’ignorance et construire un avenir pour les enfants. Malgré cela, la violence et les meurtres ont contraint la majorité des chrétiens à s’exiler. La peur du retour de l’État islamique demeure. Pourront-ils retrouver la terre de leurs ancêtres ? Rien n’est moins sûr. Trouveront-ils chez nous, au sein de nos communautés catholiques un véritable accueil, la porte ouverte pour le repas, l’entraide nécessaire pour une vie digne ? Je ne sais pas mais comme je l’espère ! Ce voyage risqué, le pape dit qu’il lui fut inspiré dans la prière. C’était un appel de Dieu pour aller à la rencontre des « pierres vivantes de l’Église qui est en Irak. » Grâce à ce voyage, le président irakien a déclaré le 6 mars « journée nationale de la tolérance et de la coexistence. » La rencontre est déjà le message, au-delà des mots, comme avec l’ayatollah chiite Al Sistani. « Cette rencontre m’a fait du bien à l’âme. » a dit le saint Père. Parmi les perles de ce voyage, il y a eu cette maman de Qaraqosh, dont le fils fut tué par Daesh, qui lui a dit « Nous, les survivants, essayons de pardonner à l’agresseur, parce que notre Maître Jésus a pardonné à ses bourreaux ». Plus tard le pape a commenté : « on sait parfaitement insulter ; on sait condamner et moi le premier… mais pardonner, pardonner aux ennemis, c’est l’Évangile pur. »

Ce prochain dimanche est appelé dimanche de Lætare, soit celui de la joie. Au cœur du carême, à mi-parcours vers Pâques, nous bénéficions d’une pause pour nous réjouir du chemin fait. Cependant la joie est-elle facile ? Nous expérimentons que ce n’est pas toujours le cas. Nos frères et sœurs d’Orient en exil entendront le psaume 136 avec émotion. Cette prière rappelle l’exil à Babylone des juifs déportés loin de Jérusalem par les mésopotamiens au VIème siècle avant JC. Là on leur demandait des chants joyeux de leur pays alors qu’ils pleuraient en exil et qu’ils avaient pendu leurs harpes aux saules au bord de l’eau. « Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! » (Ps 136) Notre cœur peut être triste. La pandémie a bousculé nos vies. Certains ont perdu un être cher dans des conditions cruelles, sans contact, sans le temps pour faire leur deuil. D’autres sont malades ou isolés par la vieillesse ou l’hospitalisation. Moi-même ai désiré visiter le père Gilbert Maksud, hospitalisé, mais l’entrée de l’hôpital m’a été refusée. Comment retrouver la joie ? Nous parlions dans un message précédent de la réconciliation et du pardon. Ce peut être réellement un chemin pour une vie nouvelle, une voie spirituelle vers la paix de l’âme, la source d’une nouvelle espérance. Il y a aussi la fraternité telle que le Pape François en parle. Le couvre-feu ne nous empêche pas de communiquer, de nous donner de bonnes nouvelles, de nous dire que nous nous aimons. La situation actuelle appelle un peu de créativité, elle oblige à plus d’efforts, mais elle permet des moments de qualité si nous nous mettons en route. « Il est cependant possible de choisir de cultiver la bienveillance, certaines personnes le font et deviennent des étoiles dans l’obscurité. » (Fratelli Tutti n°222) Il est beau de penser que nous pouvons être la bonne étoile qui indiquera un chemin lumineux pour autrui, peut-être pas seul mais grâce à la vie communautaire.

J’aimerais vous partager une joie. Ayant pris cinq jours de vacances en montagne, à Albiez-Montrond, un petit village au-dessus de saint Jean de Maurienne, chaque jour j’ai célébré l’eucharistie dans une jolie église entourée de son cimetière qui domine les maisons anciennes de cette terre qui produit un bon lait pour faire le Beaufort, un fromage gouteux. Grâce à des fidèles catholiques, l’église est ouverte chaque jour. La sacristie est équipée en vêtements et objets liturgiques, signe que la tradition chrétienne est bien maintenue. Surtout, une association de fidèles s’est créée pour racheter à la commune le presbytère avec le projet de l’agrandir, d’y faire des appartements, d’y installer un bel espace pastoral, d’y loger des prêtres en vacances mais aussi d’y vivre des sessions de formation spirituelle et des retraites, en bénéficiant de ces logements nouveaux. Le zèle de ces fidèles m’a touché. En effet, n’est-ce pas aux laïcs catholiques de se lever et de mettre en route des projets, des équipes pour animer la vie chrétienne, pour accueillir, pour célébrer les funérailles, pour faire le catéchisme aux enfants et aux adultes recommençants ? Je loue Dieu quand je reconnais l’œuvre du Saint Esprit au sein de ces communautés locales qui se savent responsables de la transmission de la foi. Cela pourrait-il se faire partout ? Qu’en sera-t-il de nos villages d’Eure & Loir ?

Avons-nous pu nous confesser depuis le début du carême ? Dans le passé nous disions « faire ses pâques » pour désigner ce rendez-vous familier de la Miséricorde avant la fête. Certes il y a encore quelques semaines avant le Triduum pascal. Regardons ensemble un aspect du sacrement de la réconciliation : la communion retrouvée avec l’Église. Le péché individuel nous coupe de Dieu, plus ou moins selon la gravité, mais aussi il atteint le Corps du Christ que nous formons ensemble. La réconciliation permet la réintégration du pécheur dans la communauté du Peuple de Dieu d’où le péché l’avait éloigné ou même exclu. Jésus lui-même est venu pour les pécheurs, les a servis, s’est attablé avec eux, a dit qu’il venait pour eux (Cf. Mc 2,17). En donnant mission aux apôtres et maintenant aux évêques le soin de conférer le pardon aux pécheurs, il permet de refaire la communion ici-bas mais aussi au Ciel, ce qui est signifié à saint Pierre : « je te donnerai les clés du Royaume, tout ce que tu lieras sur terre sera lié dans les cieux, tout ce que tu délieras sur terre sera délié aux cieux. » (Mt 16,19) L’Église du Ciel et celle de la terre n’en forment qu’une seule, solidaire. Aussi « la réconciliation avec l’Église est inséparable de la réconciliation avec Dieu. » (CEC n°1445) Il peut être difficile de comprendre ce lien d’autant plus lorsque des membres de l’Église n’agissent pas conformément à l’Évangile et sont des contre-témoignages. Par-là, ils blessent les enfants de Dieu et les éloignent de la source de vie, Jésus-Christ. C’est pourquoi, le carême est ce temps béni de la conversion. La confession sacramentelle n’est pas en premier une démarche qui « me fait du bien », mais la réparation du lien de communion dans l’Église universelle et avec Dieu. Alors n’hésitons plus ! Allez trouver le prêtre de votre paroisse ou interpelez celui qui passe sur votre chemin pour recevoir ce beau pardon sacramentel. Certains ne le pourront pas, soit parce que leur situation physique empêche la visite notamment dans les résidences ou les hôpitaux. D’autres parce que leur vie disconvient avec la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Église. Cependant tous peuvent se tourner vers le Seigneur des miséricordes et par un acte de contrition sincère supplier Dieu de leur faire miséricorde. Nul doute que le Seigneur se laissera fléchir et les rejoindra par une voie que Lui seul connait. Ayons confiance en sa présence qui se fait proche pour chacun de nous.

Ô Vierge Marie, nous cheminons en ce carême vers la Pâques de ton Fils, tu accompagnes nos vies par ton intercession auprès du Père, aussi osons-nous te supplier encore pour que des jeunes entendent et accueillent l’appel pour s’engager librement dans une vie consacrée pour le Royaume de Dieu.

Vierge Marie,

Mère du Christ Prêtre,

Mère des prêtres du monde entier,

Vous aimez tout particulièrement les prêtres,

Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.

Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,

Et vous l’aidez encore dans le ciel.

Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,

Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.

Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,

Qui nous donnent les sacrements,

Nous expliquent l’Évangile du Christ,

Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.

Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,

Les prêtres dont nous avons tant besoin,

Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,

Obtenez-nous, ô Marie,

Des prêtres qui soient des saints.

Amen.