#104 « Il leur dit : Venez, et vous verrez. »

Depuis lundi, nous sommes entrés dans le « temps liturgique ordinaire ». Ce mot « ordinaire » a en français un sens dépréciatif. Avoir une tenue ordinaire ou être une personne ordinaire, ce n’est pas très avantageux. Au contraire, pour notre liturgie, la forme ordinaire du rite latin de la messe est celle qui est universelle, celle de tous, celle que l’Église a appelé de ses vœux sous l’inspiration du Saint Esprit à la suite du Concile Vatican II. La réforme liturgique au cours du XXème siècle avait préparé la voie. Les recherches sur les manuscrits anciens, ceux des Pères de l’Église, ont permis d’exhumer des bibliothèques du monde entier des trésors liturgiques encore inconnus. Tant d’ouvrages recopiés avec soin par les moines du Moyen-Âge furent traduits et étudiés. Aussi le rituel de la forme ordinaire s’est enrichi de toutes ces prières, hymnes et surtout le lectionnaire des messes a intégré beaucoup de textes bibliques qui n’étaient pas lus auparavant. Le temps « ordinaire » nous offre un enrichissement personnel en nous invitant à prendre la Parole en main, à la méditer, à l’apprendre, à en faire notre nourriture spirituelle. C’est d’abord dans la familiarité avec la Parole que nous serons aptes à discerner les appels de Dieu. « La Vierge Marie gardait toutes ces choses en son cœur » (Lc 2, 19 et 51), elle est notre modèle. En semaine, nous déroulerons les grands textes de l’Ancien Testament, des lettres des apôtres et dès maintenant l’Évangile de saint Marc. Le dimanche, en cette année B, nous lirons l’Évangile de saint Jean. Je vous suggère de trouver une introduction à la lecture des Évangiles ou un livre sur un de ces deux Évangiles pour approfondir vos connaissances. Rappelez-vous l’adage de saint Jérôme « l’ignorance des Écritures, c’est l’ignorance du Christ. » Peut-être pourriez-vous faire ce parcours au fil de l’eau, par visioconférence, avec des amis ?

Notre vie peut nous sembler ordinaire. Pour beaucoup, c’est même une vie inquiétante. Rien n’est sûr. Le travail manquera pour beaucoup. Le virus est là. Or dans la lumière de la foi, la vie ne peut pas être ordinaire. J’aime cette parole de l’Apocalypse « je fais toutes choses nouvelles. » (Ap 21, 5) L’Esprit est à l’œuvre en nous et entre nous. La pandémie a ajouté un facteur de gravité à la vie. La mort survient parfois, plus vite qu’on ne l’aurait imaginé possible. Mais la mort n’est-elle pas le passage vers l’éternité ? Ces circonstances ont modifié notre perception de ce qui est essentiel. Se parler, visiter nos aînés, se relier et se soutenir, cela est tellement important, d’autant plus lorsque des personnes dépendantes sont cloîtrées et n’ont que si peu de contacts humains. Ajouter de la vie à chaque journée, voici notre vocation. Notre vie, nous la recevons de Dieu. Personne, en effet, ne se donne sa propre vie. Si nos parents nous ont mis au monde par leur union physique, leur propre capacité à enfanter les dépasse. Si l’on dit parfois « faire un enfant », nous voyons combien c’est une erreur de langage. Les parents accueillent un enfant, mais ils ne le fabriquent pas. L’enfant est toujours un don, une grâce même lorsque sa venue n’est pas prévue. Un enfant offre une nouvelle image de Dieu. Il porte en lui quelque chose de divin, une vie précieuse et nouvelle. Nous sommes chacun unique dans le Cœur de Dieu.

Or en tant d’occasions la vie fragile et innocente est rejetée sous prétexte d’une prétendue liberté de la femme à disposer de son corps. L’avortement est un drame, surtout pour celui ou celle que nous n’entendrons pas crier car sa mort est exécutée dans le sein maternel, ce lieu de la vie qui devient l’espace de la mort. Le pape François contemple Jésus et dit « le Fils de Dieu est né rejeté pour nous dire que toute personne rejetée est un enfant de Dieu. Il est venu au monde comme un enfant vient au monde, faible et fragile, afin que nous puissions accepter nos faiblesses avec tendresse. » (29/12/20) Le corps de l’enfant appartient à l’enfant, il n’est pas le corps de la mère, son ADN n’a rien à voir avec celui de ses parents. Il est lui, unique et irréductible. Il n’a besoin que d’amour et de nourriture. En rien il ne mérite cette mort si violente. Les députés ont proposé que soit élargi l’accès à l’avortement prétextant que les restrictions dus au confinement du printemps en limitaient l’accès. Ils ont décidé de l’allongement de l’avortement médicamenteux à domicile à sept semaines et de la suppression de tout délai en cas de détresse psycho-sociale ce qui donne droit à tuer un enfant parfaitement sain sous le motif que sa mère vit difficilement sa venue. Aidera-t-on cette femme à mieux vivre quand sera mort celui qu’elle aura porté si longtemps ? Quand, réalisant son acte, la détresse, l’angoisse, la douleur l’envahiront ? Nous ne le pensons pas un seul instant. La loi donne le droit aux sages-femmes de pratiquer des avortements. Pharaon avait déjà en son temps obligé les sages-femmes à tuer les nouveau-nés mâles des hébreux, alors qu’elles vouaient leur travail à accueillir l’enfant. Tant de couples espèrent adopter, donner et partager l’amour qui croît au sein de leur couple. Pourquoi ne pas favoriser l’adoption ? De nombreuses familles seraient ouvertes à accueillir un enfant de plus. La culture de mort n’apporte rien à l’humanité, elle la fait souffrir jusqu’au suicide parfois. Le planning familial est une œuvre de déshumanisation, une organisation à laquelle nous ne pouvons donner aucune caution. C’est pourtant lui qui organise la formation des adolescents à la vie sexuelle dans les établissements scolaires. Nous demandons aux responsables politiques d’offrir des espaces ouverts à la vie, où chaque mère enceinte dans des conditions difficiles trouvera l’écoute, le soutien, l’encouragement à garder l’enfant qu’elle porte, soit pour l’aimer et l’élever, soit pour le confier à un couple qui le chérira. Nous désirons aussi des formations à la vie, à l’éducation, au sens de la sexualité comme espace d’amour et de respect. Sexualité et fécondité sont des dons de Dieu à recevoir avec humilité et admiration.

Ce dimanche 17 janvier a lieu la marche pour la Vie à Paris. Nous soutenons pleinement cette initiative.

Vivre en notre société est un défi. Des choses magnifiques se passent. En allant dans des écoles, je vois des jeunes qui ont des projets et des désirs. Ils sont notre espérance. Mais si certaines personnes s’en sortent bien, et vivent même dans une relative aisance financière, pour la majorité il n’en va de même. Combien d’artistes sont sans travail ? Combien de comédiens ne montent plus sur les planches ? Combien de restaurateurs ferment boutique définitivement ? Il y a ceux dont le salaire tombe tout naturellement sur leur compte en banque, et ceux qui n’ont plus rien. Chacun peut décider en son âme et conscience des pas à faire vers les autres. Mais nous ne pouvons pas enfouir nos talents en attendant le retour d’une époque idéale, et profiter de notre confort. En réalité pour beaucoup de personnes la vie n’est pas simple. C’est un état de fait. Comme chrétiens, la prière et les sacrements sont notre force et ouvrent à l’œuvre puissante de Dieu. Mardi 10 janvier, nous fêtions une femme merveilleuse, sainte Marguerite Bourgeoys. En 1653 elle laisse tout pour suivre l’appel de Dieu, elle part au Québec dans le village nommé Ville-Marie, qui deviendra Montréal, pour s’occuper des enfants de colons et indiens. Elle fait trois fois le voyage aller et retour en France. Animée d’un zèle charitable sans bornes, elle est portée par son amour de la sainte Eucharistie. Sa vie fut une aventure incroyable.

L’eucharistie, quel merveilleux sacrement ! C’est le sacrifice de Jésus qui s’offre continuellement à Dieu le Père pour notre salut et qui nous envoie en mission porteur de ses grâces. Le mot messe vient du mot latin envoyer. « Ite missa est » signifie « je vous envoie, la messe est finie. » Personne ne devrait quitter la sainte messe sans un élan intérieur missionnaire. Si nous voulons que le temps ordinaire sorte de l’ordinaire, que des personnes se mettent ensemble pour bâtir des projets de développement et d’entraide, inspirons-nous de ces témoins de la foi. Le Christ avait dit à Marguerite « Va, je ne t’abandonnerai pas ». Il en va de même pour chacun de nous. Communiant au Corps de Jésus, nous le portons. « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi » s’exclame saint Paul (Gl 2, 20). L’Église est enrichie de toutes ces histoires, que dis-je, de ces héros de l’amour. Les médias n’en parlent pas mais ils existent bien en tous pays où des femmes et des hommes se livrent à l’amour et font quelque chose pour un monde meilleur. L’eucharistie, c’est le corps de Dieu, c’est son sang, c’est sa parole donnée en partage. C’est notre source de vie. C’est le sommet de ce que nous vivons. En y puisant toutes grâces au quotidien quand cela est possible, nous serons aptes à défendre la vie, depuis sa conception. Ayons foi que cela n’est pas un rêve irréalisable mais un chemin escarpé à prendre ensemble sans nous inquiéter de ce que nous aurons à dire à la face des hommes. L’Esprit nous donnera les mots qui toucheront les cœurs s’ils expriment que nous les aimons chacun.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Prions Notre-Dame du Sacerdoce dans nos foyers.

Mon vœu serait que quelques jeunes gens expriment le désir de se consacrer au Christ et entrent au séminaire ! Cela est possible…

Vierge Marie,

Mère du Christ Prêtre,

Mère des prêtres du monde entier,

Vous aimez tout particulièrement les prêtres,

Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.

Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,

Et vous l’aidez encore dans le ciel.

Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,

Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.

Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,

Qui nous donnent les sacrements,

Nous expliquent l’Évangile du Christ,

Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.

Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,

Les prêtres dont nous avons tant besoin,

Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,

Obtenez-nous, ô Marie,

Des prêtres qui soient des saints.

Amen.

Que nos yeux s’ouvrent ! Quatre vendredis de jeûne et de prière pour sortir d’une bioéthique aveuglée !