Fête de Saint Joseph
Solennité de Saint Joseph, époux de Marie
La Liturgie de l’Église honore aujourd’hui Saint Joseph, le chef de la Sainte Famille. Il s’est occupé de tout ce qui était nécessaire pour le bien de la Sainte Vierge et de Jésus, le Verbe incarné. Il est par tradition le saint patron des familles, des pères de famille, des artisans, des travailleurs, des mourants et de l’Église universelle. En raison de sa qualité d’homme juste (cf : Matthieu 1, 19), de nombreux catholiques demandent son intercession pour discerner leur vocation, rencontrer le bon époux ou la bonne épouse.
Saint Joseph, le grand silencieux dans la Bible
Un article du frère Manuel Rivero, o.p.
Saint Joseph figure dans l’histoire de la Bible et de l’Église comme « le grand silencieux ». S’il nous est possible d’accéder à l’âme de la Vierge Marie à travers ses quelques phrases retenues dans les évangiles, il n’en va pas de même pour son époux, Joseph. Pas une seule phrase de lui n’a été rapportée par les évangélistes. Pourtant, ce silence non seulement ne nuit pas à sa sainteté mais il accorde une grande profondeur à sa mission. Joseph a reçu l’annonce de l’ange en songe. Il s’est levé pour accomplir la mission demandée par Dieu : prendre Marie pour épouse et veiller sur l’enfant Jésus qui va naître, non pas du vouloir de l’homme mais de l’Esprit Saint.
C’est pourquoi saint Matthieu l’évangéliste l’appelle « juste ». Pour nous, le mot justice nous fait penser à la justice sociale et aux revendications salariales. Dans la Bible, la justice équivaut à la sainteté. Joseph est juste, non seulement parce qu’il a travaillé correctement dans son atelier d’artisan dans le bâtiment mais parce qu’il a ajusté sa volonté à celle de Dieu. La prière du Notre Père a pris chair en lui : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».
Un modèle pour les pères comme pour les évêques
Au fond, toute personne se trouve face au dilemme de l’adoption d’une manière ou d’une autre. Pas d’adoption, pas d’engagement, pas d’amour. Il me semble possible de parler d’adoption dans les différentes situations de l’existence : notre corps, notre famille, notre histoire, notre pays, notre sexe, nos travaux et missions… Nous avons à les adopter sous peine de vivre en contradiction stérile avec nous-mêmes. À quoi bon rêver d’un autre corps, d’une autre famille, d’un autre pays ou d’une autre Église que les nôtres ? « Avec des si on mettrait Paris en bouteille » dit le proverbe. Le complexe de victime et l’illusion d’une autre vie que celle que nous avons reçue ne conduisent qu’aux protestations et à l’amertume, à l’image de celui qui n’avait reçu qu’un talent au lieu de cinq ou de dix dans la parabole de Jésus (Matthieu 25, 14-30) et qui passait son temps à critiquer et à répandre un mauvais état d’esprit. Les comparaisons sont odieuses. Pourquoi se comparer alors que chacun est unique ? Nous nous connaissons mal nous-mêmes et nous prétendons connaître les chemins dans l’esprit des autres ?
L’exemple de saint Joseph nous invite à l’action.
Saint Joseph a vécu heureux : « Heureux ceux qui écoutent la parole du Seigneur et la mettent en pratique » (Luc 11, 28). Si certains peintres dépeignent saint Joseph quelque peu triste et en retrait par rapport à la Vierge Marie et à l’enfant dans le souci de manifester qu’il n’est que le père adoptif de Jésus, Fra Angelico le présente rayonnant dans son rôle. Dans les fresques du couvent des Dominicains de Saint-Marc à Florence, le saint patron des artistes met en lumière le sourire et la paix de l’âme de Joseph, comblé dans sa mission.
L’étymologie du mot « évêque » nous révèle le sens de cette charge : « veiller sur », « surveiller ». En ce sens, saint Joseph est le modèle des évêques, surveillants du troupeau qui leur est confié par Dieu. Il arrive que saint Joseph soir représenté dans l’art revêtu des vêtements du grand-prêtre. En effet, si le grand-prêtre veillait sur le temple, saint Joseph a veillé sur son épouse, le temple de Dieu, « le buisson ardent », symbole de la présence de la divinité. Saint Paul, inspiré par l’Esprit Saint, écrit aux chrétiens de Colosses qu’en Jésus « habite corporellement la plénitude de la divinité » (Colossiens 2, 9). La Vierge Marie a porté en son sein corporellement cette plénitude de la divinité et saint Joseph a veillé sur elle et sur le développement intégral de son fils adoptif, Jésus.
Abba ! Père !
Si des enfants tremblent au souvenir violent de leur père, le mot abba évoquait pour Jésus la tendresse et l’amour fidèle de son père Joseph. C’est ce mot qu’il choisit pour s’adresser à Dieu son Père au jour de l’angoisse à l’approche du supplice de la croix : « Abba ! Père ! Éloigne de moi ce calice mais que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se fasse » (Marc 14, 36).
Bien que Nazareth ne soit pas citée dans la Bible, sa synagogue possédait un rouleau important du prophète Isaïe comme le rappelle saint Luc l’évangéliste. Au cours de sa vie publique, Jésus a imité le geste de son père dans la même synagogue de Nazareth en lisant en hébreu le passage du prophète Isaïe qu’il commente en araméen pour proclamer son accomplissement : « L’Esprit du Seigneur repose sur moi. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres » (cf. Luc 4, 16-21).
Il fallait que Jésus naisse de la tribu de David car il était le Messie annoncé par les prophètes (cf. Matthieu 1, 16). Jésus sera acclamé comme « fils de David » parce que fils de Joseph.
La prière eucharistique numéro un cite saint Joseph. Sa participation au mystère du Salut est fondamentale.
Les artistes chrétiens se sont plus à représenter la mort de saint Joseph honoré par son épouse et par son fils Jésus. Joseph a aimé Jésus. Jésus a aimé son père. Puissions-nous l’aimer comme Jésus l’a aimé ! Confions-lui nos soucis matériels et spirituels. Homme de prière, il intercédera pour nous auprès de son fils Jésus. Puissions-nous imiter aussi sa foi et sa fidélité !
Fr. Manuel Rivero, o.p.
7 avril 2012
St Joseph dans la Bible :
– 2 Samuel 7, 4-16 : Prophétie de Nathan
– Romains 4, 13-22 : La justice de la foi
– Psaume 89, 2 : Poème d’Ethan l’indigène
– Matthieu 1, 16-24 ou Luc 2, 41-51 : Le « fiat » de Joseph ou Jésus perdu et retrouvé
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