#352 « Comment la conversion à Jésus est cause de joie ? »

Chers amis, continuons notre lecture de l’Évangile selon saint Marc. Au chapitre premier, alors que Jésus a été baptisé par Jean son cousin, il part au désert pour être tenté par le diable. Lisons quelques versets (Mc 1,12-13) et voyons comment le ministère de Jésus se prépare par cette retraite dans la solitude.

« Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. »

Marc est toujours sobre. Il ne s’étend pas sur les trois tentations que l’on retrouve dans les évangiles de Matthieu et Luc. Baptisé, Jésus est habité par le Saint Esprit. C’est par l’action de celui-ci qu’il fut conçu miraculeusement en Marie. Alors qu’il s’apprête à commencer sa vie publique à 30 ans, il montre que la vie dans la lumière divine est vécue par la présence de l’Esprit Saint. Celui-ci n’est pas une énergie ou une force naturelle, l’Esprit est réellement une personne divine, il est Dieu en tant que troisième personne de la Sainte Trinité. Si Jésus expérimente la solitude dans le désert, ce n’est pas pour autant un temps d’isolement car il y est accompagné et soutenu. Des anges le servent et des animaux l’entourent. On peut dire que les anges représentent le monde céleste et les animaux la création. Jésus au désert est au centre de tout. Le récit de Marc précise qu’il reste quarante jours : ce chiffre fait écho aux quarante années du peuple dans le désert. Moïse avait jeûné quarante jours sur le Mont Sinaï, ainsi Jésus accomplit en lui la figure du prophète. C’est aussi la durée que le corps humain supporte sans se nourrir après quoi il épuise ses réserves fondamentales avant une mort certaine.

Au désert, Satan le tente. Satan est présent dans de nombreux récits bibliques. Il apparaît souvent dans les évangiles. Il est à l’œuvre pour briser la volonté de Jésus qui obéit à son Père du Ciel car il cherche à détruire l’œuvre de salut. Créé par Dieu comme ange de lumière, appelé aussi Lucifer soit celui qui porte la lumière, il a choisi de s’opposer à Dieu. Quand un chrétien et disciple de Jésus décide de vivre à sa suite, le diable s’emploie à le séduire pour le détourner de ce projet. Un chrétien averti sait que la division et le découragement sont sa marque. Les trois tentations de Jésus sont décrites dans les évangiles de Matthieu et de Luc : Satan propose à Jésus son pouvoir à condition qu’il se prosterne devant lui ; il lui suggère de faire du pain avec les pierres qui sont autour de lui afin de calmer sa faim et enfin il lui montre les royaumes de la Terre pour les lui offrir à condition que Jésus l’adore. La réponse de Jésus est à chaque fois construite sur un verset biblique « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte » (Mt 4,10). Ainsi Jésus montre qu’il est parfaitement homme en subissant l’épreuve de la tentation comme nous, mais qu’il est aussi Dieu et victorieux. Il ne succombe pas à la tentation comme Adam avait succombé à celle du serpent. Quand nous sommes tentés, nous pouvons nous appuyer sur lui puisqu’il nous accompagne par son Esprit et sur sa Parole de vie. La Parole est notre glaive pour vaincre l’ennemi. Mais encore faut-il qu’elle habite en nous de manière familière.

Ayant vaincu le diable, Jésus demeure au désert, là il est servi par les anges parmi les bêtes sauvages, en harmonie avec la création. Sa mission commence réellement à ce moment-là. Or Jean a été arrêté par Hérode et Jésus reprend sans tarder son appel à la conversion. Il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mt 1,15). Jésus est lui-même l’accomplissement du temps, nous sommes dorénavant dans les derniers temps, avant son retour glorieux que l’apôtre Paul confirme dans sa lettre aux Thessaloniciens : « Au signal donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord » (1Th 4,16). Jésus par sa vie terrestre achevée par son ascension réalise pleinement le plan de Dieu et nous n’espérons plus de nouvelles révélations ni un nouveau prophète. Par sa vie et ses paroles, Jésus a tout dit, et durant le temps de l’Église, c’est l’Esprit Saint qui nous dévoile la profondeur du message évangélique en vue de notre bien. Notre chemin passe par le choix de la conversion, c’est-à-dire vivre dans la lumière, refuser les faux dieux et les idoles, fuir le mal, bénir les personnes, multiplier les occasions de service de nos proches, et avoir une attention particulière aux personnes en situation de pauvreté morale ou matérielle. N’en doutons pas, ce choix de la conversion est exigeant, mais là se trouve la dignité de l’être humain. En effet, ce choix est une voie de bonheur. En rendant les autres meilleurs et plus heureux, chacun trouve à son tour la vraie joie intérieure. Si c’est un effort, il conduit à la paix de l’âme et à la félicité. Osons entreprendre ce chemin de conversion.

Pour Jésus, après l’épreuve des tentations, commence la vie publique. Il ne demeure pas à Nazareth où il exerçait le métier de charpentier, il quitte le lieu de sa vie cachée, il va à la rencontre des personnes et surtout il commence à appeler des hommes comme disciples. Citons encore l’évangile : « Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit : “Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes.” Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. Jésus avança et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite » (Mc 1, 16-19). La mer de Galilée est appelée par d’autres noms : mer de Tibériade, mer de Génésareth et encore mer de Kinnereth, terme qui vient de kinnor, soit la harpe probablement à cause de sa forme. Le Jourdain l’alimente par le Nord et son niveau est à moins 210 mètres sous les mers. Son eau est douce. On y pêche de nombreux poissons, notamment le fameux saint-Pierre dont le nom vient de l’apôtre Pierre qui alla pêcher à la demande de Jésus. Au bord du lac, Jésus rencontre quatre jeunes pêcheurs, et les appelle à le suivre : Simon, André, Jacques et Jean. Aussitôt, ceux-ci abandonnent leur travail et leur barque pour partir à sa suite. On ignore s’ils le connaissaient déjà, mais ce jour-là, c’est le temps du choix et du départ. Dorénavant leur destin est entre les mains du maître. Sa parole dite avec autorité, sa pauvreté, l’amour qui transparaît dans son regard, son attention aux petits ignorés, tout ceci convainc ces hommes que leur vie sera de marcher avec lui.

Choisir la conversion à la suite de Jésus est une entreprise ardue. Par expérience, nous savons que cela se fait par étapes, avec de belles avancées et des reculs. L’esprit du monde demeure attirant avec ses feux qui brillent même s’ils sont des illusions. Pourtant nous espérons puisque, ainsi que le dit saint Paul, « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables » (Rm 8,26).

Prions maintenant : Ô Esprit de Dieu, viens transformer en moi ce qui ne convient pas, ce qui est loin de Dieu, donne-moi le zèle pour marcher dans la lumière. Sois la charité en moi, sois l’amour à travers moi, sois la bienveillance par moi vers toute personne que tu placeras sur mon chemin.

Notre Père.