#334 « Dans la lumière de la Parole, comment nous mettre en chemin ? »

Par ce message, je vous fais part du départ vers Dieu de mon oncle, le frère Emmanuel Duprez, à 84 ans, de la congrégation des Pères Blancs, qui a vécu toute sa vie missionnaire à Nouna au Burkina Faso. Il a travaillé jusqu’à sa mort pour le développement de l’Église, accueillant ses amis chaque soir, s’étant fait « frère parmi ses frères ». Malgré la situation sécuritaire dramatique de la région, il avait décidé de ne pas partir, étant burkinabé dorénavant. Sa joie simple témoignait de son attachement au Christ et de son amour pour tous. Aujourd’hui, les Actes des Apôtres parle de saint Barnabé comme « un homme simple, rempli de foi et d’Esprit Saint » (Act 11,24). Je pense que cette description peut lui être appliquée. 

La lumière de la Parole trouve sa plus belle expression dans la charité en acte. Le temps liturgique ordinaire reprend et il est l’espace de la vie dans l’Esprit Saint que le temps pascal a permis d’approfondir afin de témoigner du Christ. Nous Français, sommes bénis puisque le pape Léon nous a envoyé un message à l’occasion de l’anniversaire de la canonisation de saint Jean Eudes, Saint Jean-Marie Vianney et Sainte Thérèse de Lisieux. Le pape dit de ces saints qu’« ils ont aimé sans réserve Jésus de manière simple, fort et authentique; ils ont fait l’expérience de sa bonté et de sa tendresse dans une particulière proximité quotidienne, et ils ont témoigné dans un admirable élan missionnaire ». Tout est dit, l’amour, la proximité et l’annonce. Que Jésus soit la source, le centre, la raison d’être de nos vies, comme pour ces saints. 

La Révélation biblique dit que, face à l’infidélité de son peuple, Dieu s’est approché afin de partager notre vie humaine. La lumière est descendue parmi nous. Lui de condition divine a consenti à venir dans ce monde habité par le mal. Il a consenti à s’humilier et à vivre même l’humiliation plus qu’aucun autre homme. Sa passion, Jésus la rencontre dès sa naissance à Bethléem : il s’offre en victime pour payer le prix du rachat de nos péchés et sauver l’humanité de la mort éternelle. Cette offrande libre, elle s’accomplit pleinement sur la Croix : il meurt, dans d’atroces souffrances, en portant sur lui tous nos péchés. Par lui, tout est donné, tout est achevé : le mystère de la rédemption est accompli. Nous répondons à son amour qui est toujours premier par notre amour. 

Nous désirons bâtir une société nouvelle. Quelle sera la source de la lumière pour entrevoir le chemin ? Illuminés par le Christ et vivant selon l’Esprit, nous unirons nos talents et nos charismes. Toutes nos capacités humaines peuvent se mettre au service de la civilisation de l’amour, pour construire la paix et non la guerre, œuvrer pour l’accueil et non le rejet, vivre l’amour et non pas l’indifférence. Avec Dieu nous ne sommes pas seuls car Jésus fit cette promesse : « Je vous enverrai mon Esprit, il sera votre défenseur, il vous conduira à la vérité tout entière ». Sur cette promesse, notre foi est bâtie. Jésus est dans la Gloire divine et simultanément il demeure au milieu de nous quand nous sommes rassemblés en son nom. Alors nous ne marchons pas dans les ténèbres. 

Comment faire pour discerner le chemin à emprunter ? Écoutons Jésus : « Celui qui garde ma parole et en qui je demeure, celui-là portera beaucoup de fruit » (Jn 15, 5). Le voici le chemin que Jésus ne cesse de nous indiquer : « qui m’aime gardera ma parole ». « Ainsi, celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. » (Mt 7, 24). Les paroles de Jésus sont limpides. Sa Parole est notre nourriture car « l’homme ne vit pas que de pain » dit Jésus, « mais il vit de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4). En tant de moments, les foules suivaient Jésus en Galilée ou en Judée pour qu’il touche et guérisse les malades. Mais que faisait Jésus ? Il les enseignait longuement et ceux qui l’écoutaient gardaient ses paroles. Le prophète Ézéchiel prit le rouleau de la loi, il dit « Je le mangeai, et dans ma bouche il fut doux comme du miel » (Ez 3, 3). Ce miel est le joie que reçoit l’homme fidèle à la méditation des Saintes Écritures par laquelle l’Esprit vient illuminer sa vie. 

Pour tenir le cap sur la route de la foi en notre société déboussolée, il est nécessaire d’avoir un grand désir. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Lc 18, 41) dit Jésus à Bartimée. Une adolescente confirmée m’écrit son désir de « s’attacher éternellement au Seigneur ». Jésus dit « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jn 14, 23). La foi chrétienne consiste à écouter Jésus-Christ et à lui ouvrir la porte du cœur pour le laisser entrer. L’amour divin est comme un feu, tel celui qui incendiait la montagne du Sinaï face à Moïse qui allait à la rencontre de Dieu. Il y a trois siècles, Jésus révélait son cœur à sainte Marguerite-Marie : « Mon cœur est si passionné d’amour et pour toi en particulier que, ne pouvant contenir les flammes de son amour, il faut qu’il les répande par tout moyen. Si tu le crois, tu verras la puissance de mon Cœur dans la magnificence de mon amour ». Les saints et les saintes font la richesse de l’Église, par eux nous avons reçu l’héritage de la foi et dorénavant c’est à chacun d’en vivre et d’en être témoin en brillant de la lumière du Saint Esprit. 

C’est pourquoi la question t’est posée maintenant : choisis-tu la sainteté comme but de ta vie ? Celui qui découvre la foi est émerveillé d’entendre que Dieu est amour et qu’il se fait proche par le Saint Esprit pour communiquer son amour. La sainteté se fait lumière pour les autres. Comment être témoin du Christ si l’Évangile ne brûle pas en nous-mêmes pour être entraînés là où l’Esprit nous mène ? L’amour est à ce prix. L’amour demande le don de soi entier et joyeux. Le temps est au témoignage mais pour être témoin, il faut connaître la Parole de Dieu et la porter courageusement aux hommes de ce temps. Jésus disait « celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu » (Jn 8, 47). Or le monde n’écoute pas Dieu, il s’écoute lui-même et se ferme à la voix de Dieu. C’est pourquoi Jésus a besoin de vous. Il est probable que nous ne serons pas toujours acceptés, mais Jésus nous a prévenus. Cette résistance appartient à la transmission de la foi, elle est même un critère d’authenticité. 

Notre vie chrétienne se vit là où nous sommes enracinés auprès de personnes à qui témoigner des merveilles de Dieu. La Parole de Dieu sera-t-elle notre nourriture et notre guide ? Ne faisons pas fausse route. Seul Jésus-Christ est le chemin, la vérité et la vie. La marche ne fait que commencer et la promesse est là, un monde nouveau est possible. En serons-nous les bâtisseurs ? Osons humblement nous mettre en chemin ensemble, avec la grâce de Dieu. Pour chacun, il s’agit de dire oui à l’amour et Dieu donnera le reste par surcroît.

Amen. PS : une messe de requiem est prévu pour le frère Emmanuel Duprez mercredi 18 juin à la cathédrale de Chartres à 18h15.