#306 « Quand la neige enveloppe notre Cathédrale ! »

Ce dimanche s’ouvre le temps liturgique de l’Avent ainsi nommé car il précède l’avènement de la naissance de Jésus-Christ. Nous avons devant nous quatre semaines en vue d’une préparation personnelle, intime et communautaire. Nous mettrons nos santons dans la crèche. Nous décorons nos intérieurs et nos églises de lumières, de boules et de décors faits de branches de sapin. Surtout nous prierons pour comprendre le Mystère de l’Incarnation, c’est-à-dire la venue du Verbe divin, Parole divine, dans le sein de la Vierge Marie, jeune fille de Nazareth fiancée à un jeune charpentier nommé Joseph à l’époque de l’occupation romaine. Si Dieu s’est fait homme par elle, il est maintenant présent dans son Corps mystique qu’est l’Église et chaque membre ayant été baptisé dans la puissance du Saint Esprit est appelé à prolonger l’incarnation en réalisant sa vocation de disciple par sa sainteté, son témoignage, la transmission de sa foi. Noël permet d’approfondir celle-ci, d’en avoir une conscience plus aigüe, de faire le choix de la fidélité. 

Nous vivons dans une société qui efface Noël en parlant de fêtes de fin d’année sans spiritualité, qui met en exergue l’excès profane de cadeaux, la table remplie de mets et de vins et les décors électriques chinois. Résistons à cette déconstruction en vivant spirituellement ces semaines de l’Avent par la prière, en choisissant résolument la fraternité au bénéfice de ceux qui sont seuls, en donnant via quelques associations catholiques pour des chrétiens en situation de grande souffrance ou des personnes en précarité. Plaçons une belle crèche à proximité d’un vrai sapin pour y méditer le mystère célébré de la venue de l’enfant-Dieu. La prière peut devenir comme une respiration pour nous connecter au Dieu d’amour qui se fait proche. Car « la prière est la vie du cœur nouveau. Elle doit nous animer à tout moment ». Le catéchisme reconnaît que pour prier en tout temps nous devons cultiver notre perception de la présence de Jésus par la « mémoire du cœur », nous unir souvent à lui par la pensée et quelques mots d’amour offerts en action de grâce ou en supplication. 

Le cœur de notre foi est notre attachement à Jésus-Christ. Il s’agit de croire en Dieu qui a voulu se manifester aux juifs en premier puis à tous. Dimanche dernier, nous le fêtions sous l’appellation Christ-Roi. Comment Jésus qui a fait le choix d’une vie humble peut-il être appelé roi ? L’Écriture sainte utilise les mots « roi, royauté et trône ». Comment ces mots désignant le pouvoir temporel peuvent-ils s’appliquer au Fils de Dieu qui s’est abaissé jusqu’à mourir comme un malfaiteur sur une croix ? Devant Pilate qui l’interroge, Jésus affirme « ma royauté n’est pas de ce monde ». Jésus ne recherche ni palais, ni armée, ni police, ni courtisans. Sur le bois de la croix, on pouvait lire son nom et sa fonction : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ».

Rappelons que les contemporains juifs de Jésus attendaient un messie puissant, capable de mettre dehors l’envahisseur romain, un nouveau roi qui dirigerait le pays selon la loi de Moïse. Comment auraient-ils pu le reconnaître dans son humanité humiliée et bafouée ? Certes, ils avaient vu les signes qu’il opérait et les guérisons. Mais leurs yeux ne voyaient pas, leurs oreilles n’entendaient pas. Après la résurrection, les disciples ont encore ce faux espoir, ils désirent que la situation politique évolue afin que le peuple juif retrouve sa souveraineté sur ces terres, aussi lui disent-ils :« Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le royaume pour Israël ? » (Act 1, 6) Certes, sa royauté nouvelle ne passera jamais comme l’affirme le prophète Daniel qui révèle la figure du Fils de l’homme appliquée à Jésus. Pour Daniel, le Fils de l’homme reçoit domination, gloire et royauté sur tous les peuples, toutes les nations et les gens de toute langue. Pourtant Jésus ne vient pas instaurer un régime politique. 

Jésus inaugure une nouvelle royauté, afin que son amour infini et sa miséricorde soient offerts à tous ceux et celles qui le suivront, qui écouteront sa parole et la mettront en pratique. Ses sujets sont ses disciples qu’il enseigne durant trois années pour leur annoncer ce royaume nouveau, et susciter une charité débordante au bénéfice des petits et des pauvres. Il leur affirme que sa royauté est au service de l’amour. Elle rejoint tout homme et toute femme, dans sa peine, sa souffrance et encore son deuil, comme la Samaritaine, la Cananéenne qui veut sauver son enfant, les lépreux et tous les rejetés. En Jésus se conjuguent la puissance et la faiblesse, la grandeur et l’humilité, le pouvoir et le renoncement. Il marche avec ses contemporains, il enseigne la voie de la vérité afin de les rendre libres face aux tentations du malin. Comme le bon berger porte son agneau sur ses épaules, Jésus-Roi porte chacun sur son cœur pour le conduire au Père. Sa royauté rassemble ceux qui lui font confiance et se mettent à sa suite. Avec lui, nous formons un peuple nouveau et heureux. 

Pour vivre une plus grande intimité avec le Christ, en ces semaines de l’Avent, essayez de découvrir les offices du bréviaire si vous n’êtes pas déjà familiers de ces prières qui rythment la journée des personnes consacrées et de nombreux laïcs. Comment faire ? Les livres ne sont plus nécessaires depuis que des applications pour smartphones donnent aisément et quotidiennement le déroulé et le contenu de chaque office. Vous pouvez utiliser AELF,  IBreviary ou encore Liturgie. Vous y trouverez aussi les textes et les prières des messes quotidiennes. Cette récitation méditée d’hymnes, de psaumes, de lectures bibliques et d’intercessions vous unira aux monastères et aux communautés de religieux et religieuses. Osez vous lancer ! Débutez avec l’office des laudes le matin ou les vêpres le soir, en proposant à vos enfants de faire le chemin avec vous. Vous pouvez aussi prier les complies au bord du lit avant votre nuit de sommeil. Cette fidélité fortifiera votre foi et suscitera pour vos enfants un attachement au Christ par le témoignage que vous donnerez. Cette prière nous unit aux saints et saintes du Ciel qui « contemplent Dieu, Le louent et ne cessent de prendre soin de ceux qu’ils ont laissés sur la terre. Tous, nous pouvons et devons les prier d’intercéder pour nous et pour le monde entier » (CEC 2683). 

Prions ensemble un instant pour demeurer en présence de Jésus durant cette journée. Qu’elle soit vécue par vous comme un espace d’amour envers Dieu et vos proches. Notre-Père.