#301 « Pourquoi il importe d’espérer toujours dans la mission ? »

Notre année pastorale est maintenant lancée. En ce mois du rosaire, nous la confions à Notre-Dame. Comment déployer notre mission ? Le synode romain en cours confirme la dimension synodale de l’Église. Cela nous encourage à invoquer le Saint Esprit ensemble afin qu’il inspire nos œuvres, en vivant la subsidiarité à tous les degrés d’implication dans nos communautés. Chacun, baptisé, y est attendu pour apporter ses talents et ses charismes. Ainsi, nos paroisses seront illuminées de notre foi commune et accueilleront les recommençants qui frappent à nos portes.

Écrivant aux chrétiens d’Éphèse, l’apôtre Paul se réjouit de la foi qui anime ses frères dont il entend parler : « je ne cesse de rendre grâce, quand je fais mémoire de vous dans mes prières ». N’est-il pas merveilleux de voir comment, dans la puissance de l’Esprit, la Bonne Nouvelle gagne les uns et les autres dans ce grand empire romain païen ? Or notre continent européen, autrefois porteur du message de l’Évangile, est devenu païen en succombant aux attraits de la modernité et du pouvoir que donnent les biens matériels et l’argent. Éphèse était une ville admirable à l’époque romaine, on y adorait Artémis, on y avait édifié l’immense théâtre qui permettait d’y interpréter les grands auteurs de l’antiquité, le port maritime et le forum attiraient les commerçants et les armateurs de toute la Méditerranée, la culture était honorée avec une merveilleuse bibliothèque qui faisait la fierté de la ville.

Cette cité avait-elle besoin d’être sauvée par le Christ ? Certes oui ! Paul fait l’éloge de la foi des Éphésiens envers Jésus-Christ et de l’amour qu’ils ont pour les fidèles. En cette jeune église, foi et charité sont les deux colonnes qui donnent force à la communion. La foi au Christ est la source et le lien des choses spirituelles. Elle s’incarne par les actes que nous posons au nom de Jésus pour répondre aux besoins des hommes. C’est à ces conditions que peut exister un cercle vertueux où foi et charité s’entrelacent et croissent afin de devenir la sève qui irrigue les relations.

Pour nos communautés actuelles, souvent isolées particulièrement dans nos grands espaces ruraux, comment la foi peut-elle grandir ? Cette question me fut posée par des adolescents du collège de Nermont. Quelles ressources avons-nous pour approfondir notre relation à Jésus-Christ afin d’être unis comme les Éphésiens ? Notre foi n’est-elle pas le don d’une relation faite d’échanges, de méditations, de prières, fortifiée par la grâce des sacrements par lesquels Jésus-Christ se communique lui-même ? Je vois des baptisés chrétiens, pas tous catholiques, qui cultivent une intense relation à Jésus-Christ. Ils méditent l’Écriture Sainte, ils prient Dieu Trinité, ils invoquent le Saint-Esprit. Notre foi se nourrit des textes du magistère, de la vie et des enseignements des saints. Plus nous découvrons ces traditions, plus notre désir augmente de connaître le Christ et de l’annoncer.

Malheureusement une grande partie des baptisés ne manifeste aucun goût pour cette quête spirituelle. Ils se contentent d’un vernis superficiel, méconnaissent les textes bibliques, abandonnent les sacrements et finissent par contracter la terrible maladie de l’ignorance. Pour eux, Jésus n’est qu’un personnage aimable. En réalité, ils ignorent la folie de l’Amour de Dieu qui désire les combler de sa vie divine et de son pardon. Savent-ils que Dieu s’est fait homme afin que les humains soient divinisés en lui et illuminés de son amour ? Il y tant à découvrir au contact du Christ quand on se plonge dans la vie des mystiques chrétiens, quand on découvre le courage des martyrs, quand on étudie la science théologique des maîtres.

À toutes ces personnes, j’aimerais qu’elles écoutent les paroles de l’apôtre Paul : « Que Dieu ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec tous les fidèles, et quelle puissance incomparable il déploie pour vous, les croyants : c’est l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux. » (Eph 1,19-20) Il est grand le mystère de la foi. C’est une lampe pour marcher vers notre destinée, c’est une source pour être désaltéré, c’est un flot de grâces pour aimer. Pourquoi ne pas prendre conscience que nous sommes si privilégiés quand nous vivons de sa vie ? Pourquoi ne pas entendre que Jésus désire nous partager toutes ses richesses ? Oui, cherchez, ne restez pas sur le seuil, venez et voyez !

Vivant dans la lumière de l’Esprit, nos cœurs sont habités et nos volontés entraînées pour que la foi conduise nos communautés vers plus de charité, les uns envers les autres, et au-delà vers ceux qui ont besoin de secours. Alors nous jouirons de la joie évangélique partagée avec les personnes en difficulté que nous accompagnerons en faisant l’expérience que le Christ nous unit dans un même corps qu’est l’Église. Certes cela prend la forme d’une multitude de paroisses, de groupes, d’associations, de mouvements spirituels et caritatifs. Là est la richesse des fruits du Saint-Esprit qui souffle des quatre coins de l’horizon et qui pousse des hommes et des femmes à se lever et à être créatifs au nom de Jésus. La foi se dévoile par ces actions. Et quand les hommes de ce monde cherchent à limiter la manifestation de l’Esprit dans les structures politiques et éducatives, nous chrétiens devons être d’autant plus audacieux et libres pour ouvrir des voies nouvelles afin que l’évangile du Salut soit proclamé. En effet, nous ne pouvons pas taire le don de Dieu quand beaucoup recherchent la paix et le pardon. Oui, « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Act 5,29).

Paul a longuement partagé la vie des Éphésiens pour les enseigner. Il connaissait la puissance de la société romaine, fondée sur des richesses matérielles. Il voyait les nombreuses injustices et l’esclavage qui causaient tant de souffrances. Il avait expérimenté par lui-même la force de l’Esprit et sa vie en avait été bouleversée. C’est pourquoi il soutenait cette petite communauté d’Éphèse dans sa nouveauté spirituelle et communautaire. Il savait que la lutte serait âpre, que les oppositions éclateraient, il avait compris que la force résidait dans sa faiblesse, il craignait les divisions internes, il ne baissait pas les bras mais il espérait contre toute espérance. Il annonçait Jésus-Christ mort et ressuscité à tous même si seulement quelques auditeurs semblaient l’écouter.

Pouvons-nous être inspirés par l’exemple des Éphésiens ? Je vous propose de lire la lettre de saint Paul aux Éphésiens. Puisez-y la joie du témoignage rendu à ces premiers disciples de Jésus. Prions maintenant pour la mission commune. Soyons généreux et accueillants pour les catéchumènes et ceux qui demandent le baptême d’un nouveau-né ou le mariage. Nous avons reçu du Christ la vie divine, partageons-la.

Notre-Père.