#300 « Puis-je oser la confiance envers Jésus ? »
Ce message marque un anniversaire, soit le 300ème message depuis le début du COVID qui m’avait motivé alors pour vous écrire quelques pensées spirituelles chaque semaine. Depuis ces années, j’ai tenté de vous encourager dans votre vie spirituelle à la suite de Jésus-Christ, notre maître et Seigneur. Vous écrire me permet de réfléchir, de prier et de vous parler. Je remercie tous ceux qui prennent le temps de me lire, en espérant que ces pages nourrissent votre vie de foi et vous encouragent à devenir davantage disciples-missionnaires au sein de notre Église Catholique. En effet, c’est notre vocation que de répondre à l’appel de Jésus qui nous envoie. Être missionnaire suscite une joie spirituelle alors que nous partageons notre espérance de croire.
Le thème de ce message est l’action de la providence divine dans les moments concrets de notre vie. Récemment, des lycéens me demandèrent si prier pouvait aider à réussir des examens. Ainsi peut-on constater que beaucoup d’adultes prient pour leurs enfants, des grand-mères pour leurs petits-enfants, particulièrement à quelques jours du brevet ou du baccalauréat. Certains iront mettre un cierge dans l’église de leur quartier. Quel peut être l’impact de ces prières sur la réussite des examens ? Si ces jeunes ont travaillé, la prière est efficace pour être en paix et pour donner le meilleur de ce que l’on connaît quant au sujet questionné. Mais si on ne travaille pas, ne demandons pas au Seigneur de réussir à notre place ces examens. En effet, Dieu ne passe pas le brevet ou le bac à notre place.
On peut affirmer que rien n’échappe au Seigneur de ce que nous vivons et Il désire notre bonheur. Sa grâce accompagne notre vie et elle agit sur notre nature. Si nous cultivons notre intelligence, Dieu en est réjoui puisqu’il nous a voulu intelligents. Dieu nous connaît, la Bible le dit clairement. Prenons le verset du psaume 138 : « Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ; de très loin, tu pénètres mes pensées. Que je marche ou me repose, tu le vois, tous mes chemins te sont familiers. Avant qu’un mot ne parvienne à mes lèvres, déjà, Seigneur, tu le sais » (Ps 138,1-4). Nous n’échappons pas à la connaissance du Seigneur, aussi devons-nous veiller sur nous-mêmes, sur nos actes et nos paroles afin d’œuvrer selon sa volonté, puisque nous aurons à rendre compte de tout. L’auteur de la lettre aux hébreux insiste pareillement sur la perception qu’a Dieu de ce que nous faisons en disant que la parole divine voit toutes choses : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes » (Hb 4,12-13).
On appelle providence l’action bénéfique de Dieu dans nos vies. Elle est la manière dont Dieu gouverne le monde et guide chaque créature vers sa fin ultime. Parfois elle agit à notre insu, par exemple elle nous tire d’une situation dramatique afin d’éviter un accident. Les ex-voto présentés dans les sanctuaires comme Notre-Dame de Laghet au-dessus de Nice expriment comment, par l’intercession de la Vierge Marie, la Providence a tiré du trépas bien des personnes fidèles et croyantes. On peut comprendre que la prière de quelques personnes pleines de foi a rejoint la source de grâces, elle a suscité l’action de Dieu envers ceux qui en avaient besoin. En réalité, souvent la Providence demande notre coopération et interpelle notre liberté. Le Christ nous invite à demander et promet que nous recevrons ce qui convient. Pourtant dans la vie réelle, cela n’est pas simple, nos prières ne sont pas toujours exaucées comme nous l’espérons. Nous prions intensément pour des amis malades et tous ne guérissent pas. Dieu n’agit-il pas alors selon ses voies qui ne sont pas nos voies, selon ses pensées qui ne sont pas nos pensées (Is 55,8) ? Le mal peut perdurer contrairement à ce que nous espérons, nos prières liturgiques montent vers Dieu, par exemple pour obtenir la paix, mais elles n’empêchent pas forcément l’œuvre malveillante de certains. Cela demeure douloureux et mystérieux car Dieu n’agit pas sur nos vies comme un marionnettiste qui tirerait les ficelles. Le catéchisme apporte une explication : « la foi nous donne la certitude que Dieu ne permettrait pas le mal s’il n’en faisait pas sortir le bien par des voies que nous ne connaîtrons pleinement qu’à la vie éternelle » (CEC 324). Aussi sommes-nous invités à « prier sans cesse » (1Th 5,17), à « espérer contre toute espérance » (Rm 4,18).
Jésus a enseigné aux apôtres à marcher dans la confiance. Dans le grand discours sur la montagne, il leur donne cet enseignement : « ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : “Qu’allons-nous manger ?” ou bien : “Qu’allons-nous boire ?” ou encore : “Avec quoi nous habiller ?” Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine » (Mt 6,32-34). Cette parole invite à faire confiance, mais elle n’encourage pas l’inaction. Les parents sont obligés de faire le mieux possible pour anticiper les justes besoins de leurs enfants. Si une chose est notre responsabilité à assumer en tant qu’adulte chrétien, une autre est de se faire du souci pour tout ce qui ne peut être contrôlé par nous-mêmes. Dieu ne nous oublie pas, jamais comme le dit le prophète Isaïe : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas » (Is 49,15). Saint Paul s’appuie toujours sur la force du Saint Esprit en se laissant guider sur les chemins lorsqu’il voyage. Il dit : « nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour » (Rm 8,28). À nos humbles actes d’amour envers lui et nos frères, Dieu répond par l’action de l’Esprit.
Curieusement Jésus affirme aux disciples que ceux-ci n’ont encore rien demandé. Or nous demandons beaucoup de choses, mais que demandons-nous ? Jésus dit clairement que nous devons lui demander l’essentiel, c’est-à-dire l’Esprit Saint : « si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! (Lc 11,13) » La providence divine est là pour nous tenir en vie, c’est-à-dire être habité et vivre de la présence de l’Esprit qui est Dieu et qui communique l’Amour divin à toutes les créatures, surtout à celles qui s’ouvrent totalement à son action. Quand il trouve une personne disposée, il la comble de biens. Nous pouvons demander des biens matériels et des biens spirituels, tout ce qui nous semble bon. Recherchons cependant le Royaume de Dieu et sa justice, assurés que tout le reste sera donné par surcroît (Cf. Mt 6,33).
En ces jours d’octobre, toujours soutenus par la juste dévotion mariale du mois du rosaire, disons à Jésus-Christ la parole que sainte Faustine nous a léguée suite aux conversations qu’elle eut avec lui : « Jésus, j’ai confiance en toi. » Car la miséricorde de Dieu n’est pas là d’abord pour réparer nos torts et les méfaits qui en découlent mais pour nous prévenir des dangers vers lesquels nous nous précipitons. Retenons les belles paroles de Jésus qui invite à veiller pour recueillir les beaux fruits de son action « restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte » (Lc 12,35-36). En priant le Notre-Père, nous redisons toute notre confiance en lui qui peut nous donner le pain quotidien non seulement celui dont le corps a besoin mais le pain de la vie, l’Eucharistie qui nous remplie de sa présence aimante et divine. Notre père …