#272 « Allons-nous ressusciter à la suite de Jésus ? »

Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, là est notre joie, là est avant toutes choses notre foi. Depuis l’avènement de Jésus, le Verbe divin fait chair par le sein de la Vierge Marie, mystère de l’Incarnation, jusqu’à la résurrection de Jésus effectivement mort crucifié et mis au tombeau, nous voyons la manifestation de la gloire divine qui se révèle par ses paroles et par ses œuvres dans sa vie humaine. Nous avons dorénavant une promesse, réalisée par lui comme victime pascale pour le rachat des péchés des hommes. Nous sommes sauvés de la fatalité de la mort qui condamnait toute l’humanité pécheresse au néant. Maintenant, la mort a été vaincue, la victoire est donnée à notre Dieu, nous sommes destinés à être les bénéficiaires de son sacrifice. « Si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne » dit saint Paul (Rm 6,5) Nous vivrons dans la communion au Dieu Trinité, soutenus par la force du Saint Esprit que Jésus nous communique maintenant dans la Gloire éternelle. Ainsi, nous cheminons tels des pèlerins sur terre, déjà bénéficiaires de la joie du Ciel que nous accueillons dans nos louanges et par notre gratitude, et bientôt nous entrerons dans l’éternité pour demeurer toujours en sa présence. Notre foi est incroyable, elle bouscule la vie ordinaire partagée ici-bas, elle nous fait lever les yeux vers le Ciel qui est notre futur, elle donne l’espérance que tout ce que nous supportons contribue à l’avènement du Royaume, déjà ici et bientôt auprès de Dieu le Père.

La résurrection de Jésus est un miracle divin jamais contesté par les chrétiens. Ceux-ci chercheront durant des siècles à préciser la personnalité de Jésus, à comprendre qui Il est en vérité. Jamais ne fut mis en cause par une quelconque hérésie l’affirmation de la résurrection. Jésus a été arrêté, puis a souffert de la flagellation, des humiliations, des outrages. Il a parcouru le chemin du calvaire. Il a été crucifié, et a vécu une lente agonie, dont de nombreuses personnes ont été les témoins. Sa mort a été constatée par les soldats romains qui lui ont transpercé le côté et le cœur. Il a été descendu de la croix, et son cadavre a été remis à sa mère avant d’être enveloppé dans un suaire et déposé dans un tombeau fermé par une meule en pierre jusqu’au troisième jour. Le témoignage des Écritures est bouleversant.

Mais si la mort de Jésus est certaine, sa résurrection aussi. Là encore, les Écritures l’attestent. Comme il fut tellement surprenant pour les apôtres et les amis de Jésus de constater qu’il était vivant ! Or ils sont nombreux ceux qui en témoignent : les femmes venues au tombeau l’embaumer, les disciples qui marchaient vers le village d’Emmaüs, les apôtres au Cénacle. D’autres le verront. Pierre le confirme dans ses discours, notamment lorsqu’il se rend chez Corneille, un païen touché par la grâce : « Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » (Act 10,40-41). On ne mange pas et on ne boit pas avec un fantôme. Saint Paul affirme que Jésus lui est apparu à Damas et surtout qu’il est apparu à plus de cinq cents personnes à la fois avant son ascension.

La semaine qui suit la belle fête de Pâques se nomme l’octave pascale. Nous avons la tradition de vivre ces huit jours dans le prolongement joyeux de la liturgie de la vigile et du dimanche de Pâques. Chaque jour, lors de la messe, nous chantons le Gloria. À l’office de laudes, nous psalmodions l’exultet pour annoncer la victoire du ressuscité. Cette tonalité liturgique festive rejoint les aspects concrets de notre vie. Je pense aux enseignants qui font un métier si exigeant, en réalité une vocation éducative. Entrer dans sa salle de classe en louant le Seigneur pour sa présence et sa victoire soutient l’élan nécessaire afin d’enseigner et d’aimer ces enfants. En entreprise ou dans l’administration, collaborer avec ses collègues et faire l’unité des talents demande aussi une force et une humilité qui dépassent souvent nos simples capacités humaines; ainsi la lumière de la résurrection apporte ce surcroît de grâce nécessaire pour aller de l’avant. Au sein de l’amour conjugal et familial, lieu de joies et de conflits, invoquer la résurrection de Jésus et demander d’être enveloppé des dons de l’Esprit soutient l’espérance et permet de continuer le chemin commencé le jour du mariage. Chacun peut ainsi trouver des exemples et des lieux pour mettre en œuvre courageusement cette belle attitude de louange éclairée par Pâques. Le prophète Ézéchiel rappelle cette promesse de Dieu : « je mettrai en vous mon Esprit, je vous donnerai un cœur nouveau ». Accueillons-le.

Bien entendu, la résurrection de Jésus est un phénomène extraordinaire. Qu’un mort retrouve la vie peut sembler impossible. La mort coïncide avec l’arrêt total du cerveau et du cœur, quand la circulation sanguine est stoppée et que l’encéphalogramme est plat. Nous savons que les organes en manque d’oxygène se dégradent rapidement, surtout le cerveau. Pour Jésus il s’agit du troisième jour. Nous sommes loin des considérations d’expériences de mort imminente qui durent peu de temps après le constat de la mort. Pour nous qui croyons, ce qui est important face à la mort d’une personne, c’est la certitude que nous avons une âme spirituelle et immortelle et que l’être humain est animé par elle. L’âme est créée immédiatement par Dieu, ce qui signifie sans médiation et dès notre conception, elle nous relie à Lui comme source de vie et de grâce, elle est immortelle. Certes, elle n’est pas observable par une expérience physique ni sous le microscope mais elle est unique et c’est par elle que nous vivrons éternellement. Le Concile Vatican II dit que l’âme est le « germe d’éternité que l’homme porte en lui-même, irréductible à la seule matière » (GS 18). À la résurrection finale, notre âme s’unira à nouveau à notre corps glorieux (CEC 366). En effet, nous affirmons la résurrection de la chair : la dignité de notre corps est réelle. Il n’est pas une simple enveloppe, il est un « signe sponsal », un « sacrement », il « révèle l’homme et exprime la personne » comme l’expliquait saint Jean-Paul II dans ses catéchèses.

Nous vivons joyeusement ces jours de l’octave et nous entrons dans le temps pascal qui dure quarante jours jusqu’à l’ascension de Jésus. Il atteindra son sommet avec la fête de la Pentecôte. Nous savons par les Actes de Apôtres que les disciples et les apôtres, avec des femmes disciples de Jésus et la Vierge Marie sa mère, attendent en prière neuf jours que se manifeste la promesse faite par Jésus, soit la venue du Paraclet, l’Esprit de Vérité afin qu’il leur enseigne toutes choses. Ce temps pascal est un itinéraire spirituel marqué par la tonalité liturgique de Pâques. Les prêtres sont vêtus de blancs pour célébrer les sacrements. Il est important de comprendre l’importance de ces semaines festives. Comment les vivre ? En nous mettant en prière avec régularité et intensité, en lisant les récits des Actes des Apôtres qui décrivent comment l’Église s’oriente dans sa mission par sa communion dans l’Esprit et vit le premier martyre, celui de saint Étienne, puis certaines persécutions. Chacun de nous pourra invoquer le Saint Esprit par des chants et des prières appropriées qui vont le conduire à une plus forte conscience que c’est le temps du Saint Esprit tel que Jésus l’annonce. Je vous encourage à découvrir l’hymne traditionnel du veni creator, en latin si vous comprenez cette langue, ou en français pour mieux le prier. Ne baissons pas la garde, soyons de vigilants et fidèles témoins du Seigneur, demandons ses dons et ses charismes en vue de la mission. Osons prier les uns pour les autres au nom de Jésus. Le nombre des baptêmes d’adultes, s’il nous a réjoui, ne doit pas nous faire somnoler bien satisfaits de nous-mêmes car le Seigneur appellera des nouveaux disciples si nous sommes prêts à accueillir ces hommes et ces femmes en recherche d’une vie spirituelle authentique.

Ces prochains mois, c’est aussi dans la puissance de l’Esprit que nous devrons faire face au combat pour le respect de la vie et de la fin de la vie. On nous vantera un soi-disant progrès que représenteraient l’euthanasie et le suicide assisté annoncés comme une mort « dans la dignité ». Alors que les soins palliatifs font cruellement défaut dans certains départements français, qu’ils ne sont accessibles que pour 30% des personnes qui en ont besoin, que l’accompagnement par des professionnels doit être amplifié, nous refusons que le choix de donner la mort par une injection létale soit une solution digne et légale. Selon la façon dont nous traiterons les personnes fragiles, qu’elles soient âgées, handicapées, pauvres et dépendantes, ainsi serons-nous jugés quant à notre propre dignité. Dieu pèsera un jour notre âme au poids de l’amour que nous offrons à notre prochain. L’amour ne peut pas être celui qui donne la mort, il y aurait là une fausse compassion. Ouvrir la loi à l’euthanasie changera notre société et notre culture, et nos anciens seront mis en demeure de tirer leur révérence afin qu’ils ne dérangent plus et qu’ils cessent de coûter cher. Dans nos maisons de retraite catholiques, là où des laïcs et des religieuses dévouées accompagnent avec douceur vers la porte du Ciel les personnes âgées, nous ne pourrons pas accepter l’application d’une telle loi sans contredire les commandements de Dieu. Nous devons défendre avec zèle et conviction qu’il existe d’autres voies à emprunter par un accompagnement doux et professionnel, sans acharnement thérapeutique inutile. L’Église annonce et porte un projet de respect de la vie face au mystère de la mort et de la résurrection.

Je vous propose d’invoquer le saint Esprit maintenant, pour nous, pour l’Église et pour notre société.

Viens, Esprit-Saint, et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos, dans la fièvre, la fraîcheur, dans les pleurs, le réconfort.
O lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.
A tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient, donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle.
Amen.