#260 « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ! »

Le lendemain de la fête de l’Épiphanie, l’Église a célébré la fête du baptême du Christ. Jésus vient de Nazareth où il est charpentier comme son père Joseph. Il a environ 30 ans. Il s’est longtemps préparé à son ministère public, par cette vie cachée et humble au service des autres, en présence de sa mère, Marie, veuve depuis la mort de Joseph. L’Évangile de Marc commence par la prédication de Jean-Baptiste dans le désert qui invite à préparer le chemin du Seigneur. Jean-Baptiste donne un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Marc nous dit que « toute la journée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés »(Mc 1,5). C’est alors que paraît Jésus. La scène du baptême est sobre. Jésus s’inscrit dans l’humanité dont il partage tout le vécu, à l’exception du péché. Il vient par solidarité avec ses contemporains. Pour être avec ses frères, il demande à Jean d’être baptisé. Il descend dans le Jourdain et là il est plongé dans les eaux. Marc écrit : « Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie (Mc 1, 10-11) ». C’est la première manifestation trinitaire de l’évangile. L’Esprit apparaît et descend sur Jésus alors que la voix du Père le nomme son « fils bien-aimé ». Jean est le précurseur pour annoncer le Messie qu’il nomme « l’agneau de Dieu » (Jn 1, 29), le présentant par avance comme celui qui ôte le péché du monde et offre sa vie pour le salut de tous les humains. Si Jésus se soumet au baptême de Jean-Baptiste, nous-mêmes qui recevons ce sacrement sommes plongés dans la mort et la résurrection de Jésus. Une force nouvelle nous est donnée pour abandonner la vie de péché et de mort due au péché originel afin de recevoir la vie nouvelle en Christ, associée à la promesse de la vie éternelle. Dorénavant, c’est l’Esprit qui poussera Jésus tout d’abord au désert pour y être tenté et vaincre Satan au bout de 40 jours, puis sur les routes de Galilée pour accomplir son ministère public. C’est par la force de la parole de la Bible que Jésus répond aux tentations : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte » (Mt 4, 10). La Parole est notre rempart face à l’ennemi, une lumière pour notre route. 

En cette année nouvelle, nous sommes conviés par le pape François à une année d’approfondissement de notre vie de prière, dans le but de préparer le grand jubilé de l’Église universelle de 2025. Prier et adorer, voici un appel fort pour demeurer avec Jésus-Christ et recevoir ses appels à nous lever et à nous mettre en route vers nos frères et sœurs. Avec le Christ, s’ouvre une promesse qui a été révélée aux saints apôtres : toutes les nations sont invitées à former un même corps, en Jésus-Christ, par l’annonce de l’Évangile. Ce grand Mystère est celui du salut apporté par Jésus et ouvert à tous, en accueillant la promesse d’une vie nouvelle, nous transformant par la puissance du Saint Esprit. La route est ouverte, la porte c’est le Christ, la force c’est l’Esprit. Cependant la route est pentue, la porte est étroite et nous entreprenons cette marche soutenus par la puissance de l’Esprit, guidés par la lumière divine. Vivre du baptême est une vocation exigeante. C’est un chemin de sainteté et de purification afin de croître en liberté authentique, non celle qui consisterait à vivre sans contrainte, mais celle qui se réalise dans l’amour parfait, tant de Dieu que de nos frères. Car « amour et vérité se rencontrent » (Ps 84, 11). 

Lors de notre baptême, Jésus nous saisit pour nous amener à une vie nouvelle. Il se fait connaître et nous devenons réellement enfants de Dieu, participant à sa nature divine, malgré la fragilité de notre condition humaine et le péché qui demeure en nos vies. De toujours, Dieu a exprimé, déjà par les prophètes, ce projet de nous associer définitivement à sa gloire. Le prophète Ézéchiel, par exemple, écrit : « j’irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elle. Comme un Berger veille sur les brebis de son troupeau, quand elles sont dispersées, ainsi, je veillerai sur mes brebis, et j’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées. » (Ez 34, 12). La figure du bon Pasteur traverse toute l’écriture. Il est merveilleux de le connaître et de savoir qu’il est à nos côtés chaque jour. 

Le baptême est certes un don magnifique qui nous promet la vie éternelle, il est aussi une responsabilité à assumer. Par ce sacrement, le baptisé devient l’ami de Dieu devant qui il se prosterne pour lui rendre un culte, pour lui consacrer son travail, pour le bénir pour sa famille et ses amis. Le baptême confère à qui le reçoit d’être consacré et offert à la Gloire de Dieu afin que notre humanité soit portée vers Dieu le Père. Le baptisé n’a qu’un désir : que tous reçoivent ce don, que ceux qui ne connaissent pas l’amour divin le découvre et, par le baptême, deviennent fils et filles du Père. Le père Jérôme de l’abbaye de Sept-Fons écrit « pour pratiquer l’amitié, il suffit que Dieu existe et qu’il veuille être aimé. Or, Dieu existera toujours, et voudra toujours être aimé. Il y aura toujours des amis de Dieu, oui, jusqu’à la fin du monde » et il ajoute « n’ayez pas peur, mon frère, de vous enraciner dans votre vocation ». L’Église ne nous propose-t-elle pas régulièrement d’être renouvelés dans les grâces du baptême ? En effet, nous avançons avec la conscience que ce sacrement nous accompagne de manière vivante pour notre vie spirituelle et dans notre chemin humain. La grâce baptismale nous illumine pour servir et aimer, afin que croissent les talents que l’Esprit dépose en nous pour le bien commun. À Nicodème, Jésus dit l’importance de renaître d’en-haut (Cf. Jn 3), non plus du ventre maternel, mais du sein de l’Église qui nous enfante à la vie nouvelle, une vie qui nous fait prendre un nouveau chemin parmi nos contemporains. Nous sommes soutenus pour aimer et encourager nos frères et sœurs en humanité, pour leur témoigner de la présence de Dieu, pour enseigner le chemin de la foi dans les écritures saintes au sein de nos paroisses et des mouvements. Oui, le baptême est un don vivant, que nul ne doit laisser se racornir par l’oubli ou la négligence. Ce qui réveille ce don en nous, c’est la vie de prière et de charité. En ce début d’année, mettons-nous en route ensemble pour aller là où les appels de l’Esprit retentissent. 

Puisque nous parlons du baptême, faisons mention des hommes et des femmes adolescents et adultes qui demandent le baptême. L’année dernière déjà, de nombreuses personnes manifestant le désir d’être chrétien ont frappé à la porte de nos églises. Depuis Pâques dernier, ce mouvement se confirme et nous pourrions vivre le baptême de plus de cinquante personnes à la vigile pascale prochaine dans le diocèse. N’est-ce pas merveilleux ? Pourquoi tant d’hommes et de femmes se tournent-elles vers l’Église alors que d’autres semblent indifférents ? Le désir de sens, la découverte de la personne de Jésus, la rencontre de catholiques investis et accueillants et d’autres causes encore motivent le choix de ces futurs membres de l’Église. Le témoignage des chrétiens a généralement été déterminant sur leur route vers cette demande. Aussi demandons-nous : Quand suis-je témoin de Jésus mort crucifié et vivant ? Voici une disposition spirituelle à demander au Saint Esprit en étant humble de cœur pour toute rencontre avec une personne inconnue qui nous demanderait de rendre compte de notre foi. 

Prions maintenant ensemble, et confions la mission de nos paroisses en ce début d’année 2024. Prions souvent pour recevoir des pasteurs selon le cœur de Jésus, doux et humble, pour nous donner sa vie par les sacrements et l’enseignement. 

Ô Père, Dieu de bonté,

Nous te confions les jeunes appelés à la sainteté,

Bénis leur vie et leurs projets.

Appelle parmi eux des prêtres

Pour notre Église

Jésus doux et humble de Cœur, 

Donne-nous des prêtres selon ton cœur. 

Qu’ils s’offrent pour célébrer 

le saint sacrifice de la messe et les sacrements,

Qu’ils annoncent l’Évangile à tous,

en notre diocèse de Chartres.

Esprit de sagesse et de lumière, 

Guide-les et protège-les,

Inonde-les de ta paix et de ta joie. 

Face à cet appel, ôte la crainte, 

Aide-les à franchir les obstacles, 

et comble-les de ton Amour infini.

Sainte Mère de Dieu, Notre Dame de Chartres, 

Intercède pour ces jeunes si généreux, 

aide les parents à accueillir 

la vocation de leur enfant, 

nous t’en remercions.

Amen.