#254 «La Sagesse est la respiration de la puissance de Dieu !»
Dimanche prochain, s’ouvre la nouvelle année liturgique : elle nous invite à vivre dans la lumière divine, à prier pour la paix partout où sévit la guerre, à partager la nouvelle de la nativité de Jésus-Christ que nous célébrerons à Noël. Si beaucoup de personnes veulent cacher la vérité de la venue de Jésus en parlant des fêtes de fin d’année, nous affirmons clairement que notre espérance est dans la présence du Fils de Dieu, venu par le sein maternel de la Vierge Marie, demeurant éternellement présent par son Saint Esprit. Il nous accompagne et guide nos pas sur le chemin ardu de la vie. Comment masquer par des artifices et des paillettes la simplicité et l’importance de l’incarnation ? Une laïcité exacerbée laisse les gens dans le désarroi face au sens de la vie et à la violence du deuil. Nous chrétiens portons en nous une merveilleuse nouvelle, le Ciel s’est ouvert quand Dieu s’est fait homme afin de nous tirer de la mort due au péché et de nous ouvrir les portes du Ciel où nous reposerons sur le sein de Dieu, enveloppés de son amour. Nous ne pouvons pas nous taire en ces jours de l’Avent et nous devons réveiller ceux dont la foi s’est endormie. Soyons les porteurs joyeux de cette bonne nouvelle par tous les moyens possibles, par des rencontres avec ceux qui sont seuls, par des mots et des gestes qui diront la bienveillance que nous désirons partager afin que notre société s’élève vers plus de bien et d’humanité heureuse. La Bible nous dévoile la sagesse venue si humblement afin de nous guider, dont je souhaite vous parler maintenant.
Le livre de la Sagesse est un écrit juif assez tardif au sein de l’Ancien Testament, rédigé en langue grecque par son auteur qui parfois est confondu à tort avec le roi Salomon, certes connu pour sa sagesse, mais qui vécut bien avant que ce livre ne soit écrit. Dans la Bible, la sagesse est personnifiée, ce qui veut dire qu’elle est tantôt un attribut de Dieu tantôt Dieu lui-même ou son Esprit, troisième personne de la sainte Trinité. Voici un passage inspirant de ce livre :
« Il y a dans la Sagesse un esprit intelligent et saint, unique et multiple, subtil et rapide ; perçant, net, clair et intact ; ami du bien, vif, irrésistible, bienfaisant, ami des hommes ; ferme, sûr et paisible, tout-puissant et observant tout, pénétrant tous les esprits, même les plus intelligents, les plus purs, les plus subtils. La Sagesse, en effet, se meut d’un mouvement qui surpasse tous les autres ; elle traverse et pénètre toute chose à cause de sa pureté. Car elle est la respiration de la puissance de Dieu, l’émanation toute pure de la gloire du Souverain de l’univers ; aussi rien de souillé ne peut l’atteindre. Elle est le rayonnement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu, l’image de sa bonté. Comme elle est unique, elle peut tout ; et sans sortir d’elle-même, elle renouvelle l’univers. D’âge en âge, elle se transmet à des âmes saintes, pour en faire des prophètes et des amis de Dieu. Car Dieu n’aime que celui qui vit avec la Sagesse. Elle est plus belle que le soleil, elle surpasse toutes les constellations ; si on la compare à la lumière du jour, on la trouve bien supérieure, car le jour s’efface devant la nuit, mais contre la Sagesse le mal ne peut rien. Elle déploie sa vigueur d’un bout du monde à l’autre, elle gouverne l’univers avec bonté. » (Sg 7, 22 – 8, 1)
Le début de cette péricope biblique décrit les qualités de la sagesse que nous espérons pour toute personne car elles donnent à l’être humain de comprendre sa vocation pour l’infini. L’homme est créé et fait pour l’infini de l’amour et de la miséricorde et ultimement il est destiné à l’infini de la vie éternelle. En priant, nous demandons cette sagesse, amie du bien et amie des hommes, pour soi-même et particulièrement pour tous les dirigeants de ce monde car leurs actions ont des conséquence sur nos vies. Pour l’auteur, la sagesse est « la respiration de la puissance de Dieu », c’est-à-dire le souffle créateur qui donne vie, comme on le voit au début du livre de la Genèse. Face aux pouvoirs humains qui prétendent défendre leurs objectifs autoritaires et satisfaire les besoins de leur peuple par la guerre et tant de formes d’oppression, nous appelons les hommes à s’ouvrir à l’amour de Dieu que Jésus révèle pleinement par sa passion et sa résurrection, en s’offrant dans ce mystère pascal pour le salut du monde. Seul l’amour divin peut éclairer les consciences endormies en vue d’une paix authentique.
Nous, chrétiens, voulons-nous être ces « âmes saintes » disposées à recevoir la Sagesse ? Nous pouvons être comme des contenants remplis d’eau cristalline, symbole de la grâce, des contenants qui débordent, communiquant ainsi la vie à ceux qui viennent s’y rafraîchir. C’est le flot ininterrompu qui les garde lumineux et si l’eau vient à manquer ils deviennent gris terne. La sagesse, dit le texte, est plus belle que le soleil et toutes les constellations dont nous avons pourtant des images fantastiques grâce aux photos prises par le nouveau télescope James Webb. Il est vrai qu’à l’époque de cet écrit, personne n’avait accès à de telles images, mais les gens savaient contempler le ciel et y voir la présence et le signe de Dieu.
À ce stade, nous pouvons nous demander comment acquérir une sagesse si désirable. En effet, elle ne peut être achetée ni acquise par la volonté humaine. Elle s’acquiert par l’union à Dieu. Elle vient à nous sans s’imposer, elle frappe à notre porte avec délicatesse, elle se propose d’entrer si nous ouvrons notre cœur et notre esprit à son interpellation. Elle vient par la méditation de la Parole révélée dans le silence de l’adoration. Elle demande beaucoup de patience à celui qui la désire, ce qui rend son acquisition difficile car nous sommes pressés et attendons une réponse efficace et rapide. Heureusement les priants, les mystiques, les contemplatifs sont là pour nous rappeler l’importance de l’attente et du recueillement. La sagesse nous transforme et nous façonne. Elle nous rend sages, posés, aimables, attentifs, patients et courageux. La sagesse illumine notre vie car elle est comme le sang qui irrigue nos membres, elle fait de nous des vivants. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort donnait quatre moyens pour obtenir et garder en nous la Sagesse : la désirer ardemment, la prier incessamment, la suivre jusqu’à la croix et se donner totalement à elle par les mains et le cœur de Marie.
L’Avent nous propose de suivre le chemin simple que la Vierge Marie et saint Joseph ont parcouru : obéissants au recensement commandé par l’empereur ils se rendent dans le village de la famille de Joseph, Bethléem. Marie est enceinte de l’enfant-roi, celui qui fut annoncé par l’ange Gabriel, celui que Joseph devenu son époux adopte puisque l’enfant est né du Saint Esprit, un enfant du miracle qui apporte le salut à l’humanité. Marie et Joseph entrent pleinement dans l’abandon à la volonté de Dieu, ils se laissent guider par les événements, ils sont pauvres et ne vont pas être bien reçus. La route est longue. Marie fait sans doute la route montée sur un âne, afin d’économiser ses forces, car la naissance de l’enfant est imminente. On peut les entendre fredonner les paroles des psaumes pour se donner du courage. Ils forment un jeune couple discret, sans apparat, porteur pourtant d’une promesse à advenir.
Pendant ces trois semaines de l’Avent, semaines de l’attente, mettons-nous à l’écoute du silence pour recevoir la sagesse de Dieu et considérer la Parole comme un trésor à chérir afin de porter à ceux et celles avec qui nous vivons et travaillons le témoignage de la fête de la nativité, loin des considérations marchandes et des sollicitations des soldes et leurs rabais. Recherchons en famille, avec des amis, en paroisse, ces moments simples pour lire l’évangile et faire un court partage au début d’un repas, en face de la crèche, dans le lit conjugal, ou encore au début d’une réunion. Si nous n’attachons plus la parole du Deutéronome sur notre front comme nos frères juifs, posons-la sur notre cœur pour qu’elle nourrisse l’amour que les autres espèrent de nous, et soyons généreux en aimant.
Prions maintenant de tout notre cœur, comme le pape François le demande, prions pour la paix dans les lieux où les hommes se déchirent, prions pour ceux qui sont victimes de violence partout dans le monde et en France. Pour conserver la paix, faisons de notre cœur un oratoire pour que Jésus y soit logé. Je vous propose de dire une dizaine du chapelet ensemble soit un Notre-Père, dix Je-vous-salue-Marie et un gloire au Père. En priant la Vierge, nous savons que sa mission est de présenter nos demandes à Dieu, et elle le fait, soyons-en sûrs.