#247 «Jamais plus la guerre. C’est la paix, la paix qui doit guider le destin des peuples et de toute l’humanité !»
« Jamais plus la guerre ! » c’est le cri du pape saint Paul VI lancé à la tribune de l’ONU le 4 octobre 1965. Qui écoutera ce cri aujourd’hui ? De nombreuses personnes œuvrent pour la paix. Mais d’autres, qui ont le pouvoir de déclencher la guerre, n’entendent pas le cri d’appel à la paix.
L’actualité de la guerre en Israël, avec son déchainement de violences et de haines, obscurcit notre joie. Mais cette dernière demeure, ancrée dans l’espérance, et dans le souvenir de la belle ordination diaconale de nos cinq frères célébrée ce samedi 7 octobre en la fête de Notre-Dame du Rosaire.
Chaque matin, nous chantons le psaume 94 que l’on appelle l’invitatoire. Il ouvre le premier office des heures pour les consacrés et les prêtres et pour beaucoup de laïcs qui ont pris la très belle habitude de s’y associer. « Venez, crions de joie pour le Seigneur » est la première phrase de notre psalmodie matinale. Crier de joie n’est pas toujours facile, quand nous sortons à peine de la torpeur de la nuit, mais voici que nous osons ce cri qui éclairera tous les moments de la journée même si celle-ci nous réserve des difficultés. Ce samedi 7 octobre, en me levant et en préparant la célébration de l’après-midi, il y avait un beau motif de joie : cinq hommes, au terme d’un long parcours, allaient se donner au Christ pour être ordonnés diacres comme serviteurs de sa Parole et de sa charité. Chaque épouse avait donné son consentement à ce sacrement de l’ordre qui n’oblitère pas l’importance du mariage religieux. La cathédrale Notre-Dame de Chartres était remplie, une chorale crée pour l’occasion avec des chanteurs de tout le territoire, les fleurs embellissaient l’espace où ils allaient s’allonger tout en entendant la litanie des saints, là où je leur imposais les mains réitérant le geste de Jésus qui confère l’ordination. Nous fîmes une profonde expérience de communion et de joie spirituelle, l’assemblée chantant la Gloire de Dieu avec enthousiasme. À nouveau nous avons expérimenté que la joie est au cœur de la vie spirituelle de tout chrétien en quête de Dieu. « Vie et joie à vous qui cherchez Dieu » dit un autre psaume (Ps 68,33). Le chrétien trouve sa joie dans sa recherche par la méditation de la parole de Dieu et la rencontre des hommes et des femmes de notre époque en sachant que Dieu nous précède en eux pour nous parler et nous réjouir.
Mais voici que la déclaration de guerre entre le Hamas et Israël vient jeter un voile sur notre joie. Des centaines de personnes ont été tuées de part et d’autre et des milliers sont blessées. Quel sens a la guerre ? Pourquoi cette terre est-elle le lieu d’affrontements violents depuis tant de millénaires et pourquoi les hommes n’ont-ils donc pas appris que la haine et la vengeance ne conduisent à rien de bon quand on prend les armes pour obtenir le pouvoir et la gloire ? L’ancien testament est rempli des lamentations du peuple hébreu quand il perd la vie et son honneur à cause de son péché d’adultère avec les faux dieux. Pourquoi les hommes qui se disent croyants se battent-ils avec tant de violence comme si Dieu n’existait pas, en ayant l’illusion qu’ils pourront ainsi façonner un avenir de bonheur pour leurs enfants et une protection pour leur famille ? Folie que tout ceci. Il faut apprendre à voir en tout homme un frère à découvrir et à aimer. Cependant, sans la voix du Christ qui demande d’aimer son prochain et même son ennemi, comment les hommes pourront-ils en faire le choix ? Il y a urgence à évangéliser pour faire connaître le projet de salut que Jésus opère et offre à ceux et celles qui écoutent sa parole et la mettent en pratique. Sans lui, le monde cède à la folie qui est d’autant plus dangereuse que les armes que nous possédons sont puissantes. La paix authentique est impossible sans l’amour de Dieu qui soigne nos blessures aussi prions souvent pour cette paix, telle que le Christ la donne par son amour absolu et universel.
Face aux tensions entre les peuples, Dieu donne la force du pardon. Dernièrement nous avons réfléchi aux trois sacrements de l’initiation, le baptême, la confirmation et l’eucharistie afin d’en comprendre mieux la portée, l’efficacité et l’importance pour tous. Notre vie chrétienne est soutenue par la grâce, qui est l’action de Dieu opérée par l’Esprit Saint qui nous accompagne au quotidien. La grâce soutient notre volonté quand elle adhère au désir de Dieu. Elle élève notre intelligence pour discerner le plus grand bien. Elle comble le fossé d’impuissance face aux drames de la vie, elle maintient le lien précieux entre nous et le Seigneur, elle garde notre communion fraternelle. Elle est une force dans notre faiblesse. Elle est une lumière quand le chemin s’avère obscur et que nous marchons à tâtons.
Si le mal nous tente et que nous succombons parfois à son œuvre de division et au découragement quand le péché est là, nous ne sommes pas démunis puisque Jésus ayant partagé notre condition humaine a institué le sacrement de la réconciliation en demandant aux apôtres de pardonner en son nom, non pas seulement sept fois mais soixante-dix fois sept fois. Aussi, approfondissons quelques aspects de ce sacrement du pardon, que l’on appelle habituellement la confession.
« Cela me fait du bien de me confesser ! » entendons-nous parfois. Il est vrai que s’ouvrir à un prêtre bienveillant qui écoute simplement le pénitent est un cadeau rare. Dire ce que nous avons sur le cœur, avouer son péché sans craindre d’être jugé, permet de nous libérer. Le péché est comme un poids intérieur qui rend triste. C’est le premier fruit de la confession, être libéré et allégé pour marcher léger sur le chemin de la vie spirituelle. Cependant, le péché n’est pas que ce poids que je dois supporter, il impose une blessure et il crée une rupture entre les personnes, il ronge voire brise la communion entre des êtres proches. La confession apporte une onction de paix et d’unité qui reforme les liens entre nous. Nous comprenons que le bien n’est pas que pour soi mais pour nous, pour notre communauté de vie. Plus encore le péché individuel entache toute l’Église, tout le corps du Christ, puisque saint Paul explique que tous les membres que nous sommes forment un seul corps et que si un membre souffre, tous souffrent. Il existe une solidarité dans le bien comme dans le mal. Ainsi nous ne pouvons pas affirmer que mon péché ne regarde que moi, par exemple si je vais consulter un site pornographique cela n’impacterait que moi. Le mal propage son effet comme l’eau pénètre les sols par capillarité. L’Église est sainte par sa tête qui est le Christ et elle tend vers la sainteté lorsque chaque membre prend conscience de son péché et le regrette d’un cœur sincère, en le confessant pour en être purifié. Jésus n’a-t-il pas demandé de pardonner en son nom avec la promesse que cela sera pardonné au Ciel ? Le prêtre est missionné pour donner le sacrement de la réconciliation. Vous frères et sœurs laïcs devez solliciter vos prêtres sans détour pour vous conférer ce pardon sacramentel. C’est un besoin vital pour votre vie personnelle, pour recréer nos relations interpersonnelles et pour que l’Église tende vers sa sainteté.
Que ce message vous garde en joie, celle de la foi annoncée et partagée. La semaine prochaine aura lieu à Lourdes le rendez-vous Kerygma qui nous entraînera à plus d’audace missionnaire pour proclamer le salut. Face aux drames et à la mort violente, nous sommes détenteurs d’un trésor à vivre et à partager. Je vous invite à prier Notre-Dame avec le chapelet au long de ce mois. Découvrez-le comme un instrument de grâce !
Je confie à votre intercession le père Raphaël Malcuit, âgé de cent ans, qui vient de nous quitter pour rejoindre la maison de celui qu’il a servi par son ministère fidèle. Prions pour que des jeunes hommes prennent sa suite au service de l’Église en devenant prêtre.
Ô Père, Dieu de bonté,
Nous te confions les jeunes appelés à la sainteté,
Bénis leur vie et leurs projets.
Nous te supplions de susciter parmi eux
des vocations consacrées et sacerdotales.
Jésus doux et humble de Cœur,
Donne-nous des prêtres selon ton cœur.
Qu’ils s’offrent pour célébrer
le saint sacrifice de la messe et les sacrements,
Qu’ils annoncent l’Évangile à tous,
en notre diocèse de Chartres.
Esprit de sagesse et de lumière,
Guide-les et protège-les,
Inonde-les de ta paix et de ta joie.
Face à cet appel, ôte la crainte,
Aide-les à franchir les obstacles,
et comble-les de ton Amour infini.
Sainte Mère de Dieu, Notre Dame de Chartres,
Intercède pour ces jeunes si généreux,
aide les parents à accueillir
la vocation de leur enfant,
nous t’en remercions.
Amen.