#246 «Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi si petit !»
Avec l’ouverture, mercredi 4 octobre, de la première session de la XVIème assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, l’Église va vivre une nouvelle phase de ses réflexions, grâce au travail de collecte des éléments rassemblés auprès de nos communautés catholiques, tant au niveau des pays que des continents. Prions pour les personnes, laïcs et clercs, qui se retrouvent durant un mois dans la ville éternelle. Le pape l’affirmait, en octobre 2022 : « sans la prière, il n’y a pas de Synode ».
Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du synode, nous écrit lui aussi sur l’importance de la prière à cette intention. Voici les mots qu’il a adressé aux évêques : « Le synode est avant tout un évènement de prière et d’écoute, qui ne concerne pas seulement les membres de l’assemblée synodale, mais aussi chaque baptisé, chaque église particulière. En effet, nous sommes tous appelés en ce moment à nous unir dans la communion de la prière et dans l’invocation insistante de l’Esprit saint pour qu’il nous guide dans le discernement de ce que le Seigneur demande à son Église aujourd’hui. C’est pourquoi je vous écris, à vous qui êtes le principe visible et le fondement de l’unité dans vos églises particulières et les premiers animateurs de la prière pour la portion du peuple de Dieu qui vous est confiée, afin que de toute l’Église monte vers Dieu, une prière incessante pour le Saint Père, le pape François, et pour tous les membres de l’assemblée synodale. »
Dans sa lettre, Mgr Grech détaille cette prière en disant qu’elle se vit en premier par l’écoute de la Parole de Dieu et l’écoute de l’Esprit Saint. Puis elle se fait adoration dans le silence qui permet d’entrer dans l’intimité merveilleuse de Dieu. Puis elle est une intercession pour « demander au Seigneur d’illuminer nos cœurs avec la force de son Esprit de vie, afin que nous sachions discerner et faire sa volonté ». Cette intercession exprime le choix de prendre en charge nos frères et sœurs dans leurs questionnements, leurs peines et leurs besoins. Enfin, cette prière se fait action de grâce pour reconnaître la primauté de la grâce dans tout ce que nous vivons en Église et pour l’amour prévenant de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous. Aussi soyons généreux en ce mois d’octobre, mois du rosaire pour accompagner les travaux de l’assemblée synodale romaine, en priant particulièrement la Vierge Marie par nos chants et nos chapelets.
Ce mois d’octobre, marqué par l’assemblée du synode à Rome, est aussi riche en événements spirituels. Je souhaite en souligner trois : le mois de Marie, la semaine missionnaire pour toute l’Église et enfin la rencontre kerygma à Lourdes pour renouveler notre catéchèse par l’annonce kerygmatique du salut.
Le mois du rosaire est une belle tradition mariale. Durant l’année liturgique, octobre et mai sont les deux mois retenus pour prier intensément la Vierge Marie. À Lourdes, en ce mois d’octobre, a lieu le grand pèlerinage du rosaire, qui rassemble des milliers de personnes autour de tant de frères et sœurs malades ou dépendants. Venir prier à la grotte de Massabielle est une expérience inoubliable pour les plus anciens comme les jeunes qui sont souvent hospitaliers ou brancardiers auprès de ces malades pour leur plus grande joie. Les liens intergénérationnels sont féconds en amitié et en attention du cœur. En ce mois, nous avons comme arme spirituelle le chapelet et beaucoup écoutent sur les radios chrétiennes, comme Radio Grand Ciel, le chapelet récité à la grotte de Lourdes tous les jours à 15h30. Par ce chapelet qui rejoint des catholiques du monde entier via les applications sur Internet, nos prêtres âgés résidant chez les sœurs de Saint-Paul-de-Chartres ou encore les religieuses de la maison Notre-Dame-de-Joie prient la sainte Vierge quotidiennement pour nos missions. Pour eux et pour elles, c’est un lien spirituel merveilleux et tous participent à cette grande chaîne de prière qui libère tant de personnes des liens du péché et de la mort. Prions le chapelet et, je vous le demande instamment, apprenons aux jeunes enfants à le découvrir, à le prier et à l’aimer.
Pour la semaine missionnaire mondiale prévue du 15 au 22 octobre, le pape François a choisi un thème qui s’inspire du récit des disciples d’Emmaüs, dans l’Évangile de Luc (cf. 24, 13-35) : « Des cœurs brûlants, des pieds en marche ». Que dit l’épisode des pèlerins d’Emmaüs ? Après la mort de Jésus, deux de ses disciples, affligés par sa mort, décident de quitter Jérusalem. Le Christ les rejoint sur le chemin, marche avec eux en relisant les écritures, mais ils ne le reconnaissent pas. C’est à l’auberge, le soir, qu’à la fraction du pain leurs yeux s’ouvrent. Les disciples le reconnaissent alors et retrouvent leur enthousiasme et une joie brûlante. À l’instant même, alors qu’il fait nuit, ils reprennent la route vers Jérusalem et annoncent aux apôtres que le Seigneur est vraiment ressuscité. Comment vivre cette semaine missionnaire en paroisse ? Serait-ce en relisant les saintes écritures avec des frères et sœurs pour y découvrir une parole divine vivante et source de joie ? Serait-ce en marchant avec des personnes qui vivent auprès de nous, en les écoutant puis en osant révéler le nom de celui en qui nous croyons ? Serait-ce en les accueillant à notre table eucharistique, comme au soir de ce jour à l’auberge où Jésus se fit reconnaître par la fraction du pain ? Le Christ est réellement mort et ressuscité et il nous a promis d’être toujours présent. Cette réalité change les perspectives de nos vies souvent traversées par des épreuves, car par la foi nous savons ne pas être seuls, nous sommes accompagnés sur les chemins de notre vie. D’ici le 15 octobre, nous pourrions nous retrouver pour prier, partager et discerner avec qui marcher. Notre expérience missionnaire est identique à celle des disciples envoyés deux par deux annoncer le Royaume et qui reviennent le soir tout joyeux.
Je souhaite vous partager une joie récente : celle du nouveau rendez-vous proposé à Lourdes aux chrétiens français du 20 au 23 octobre, l’événement kerygma. En grec ancien, le kérygme est un cri puissant. Quel usage faire de ce mot lorsque l’on parle de la mission de l’Église ? Nous l’associons à l’annonce du royaume pour signifier que chacun est porteur de la bonne nouvelle du salut et qu’il est temps de la proclamer avec force dans une société qui ne connaît plus le contenu de la révélation chrétienne. Le kérygme est l’affirmation de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui prend sur lui le péché du monde, c’est-à-dire tous nos péchés personnels, pour nous soustraire à la mort et nous offrir la vie éternelle. Nous serons trois mille participants pour prier, être enseignés et témoigner des « jeunes pousses » qui émergent dans nos lieux de mission afin que soit proclamé le nom de Jésus. La catéchèse n’est pas destinée aux seuls enfants mais à toute personne désireuse de connaître les saintes écritures et l’enseignement de l’Église. Je vous parlais dans mon dernier message du besoin d’innover avec des écoles de vie chrétienne ouvertes à tous. Des adultes demandent le baptême et nous ne sommes pas encore prêts pour les accueillir tous, aussi en nous stimulant à Lourdes comme dans nos paroisses, nous verrons émerger des initiatives fraternelles.
En ce mois d’octobre, nous irons aux pieds de Notre-Dame en notre église paroissiale ou chez nous, dans le secret de notre chambre, comme on irait à la grotte à Lourdes pour lui confier nos intentions. Les chrétiens lui reconnaissent sa vocation d’intercession depuis les origines du christianisme puisque saint Irénée la nommait « notre avocate » dès le IIe siècle. Pourquoi ne pas créer chez soi un lieu qui mette en valeur Marie avec sa statue ou une icône mariale, en plaçant quelques fleurs ou plantes, en décorant l’espace de jolies photos de personnes qui nous sont chères pour qui nous aimons prier ? Ainsi, il sera motivant de prendre ce moment de chapelet pour le bien de ceux qui se confient à notre prière et pour notre diocèse. À l’Île-Bouchard, en Touraine, où Marie apparut le 8 décembre 1947, elle est priée sous le vocable « Notre-Dame de la prière », et nous y prions spécialement pour les familles. Le 11 décembre, Marie fit cette promesse aux fillettes : « je donnerai du bonheur dans les familles… » Aux pieds de la Vierge, comme il est beau de voir une famille à genoux en prière. En prenant notre chapelet en main, nous pouvons embrasser la croix comme la Vierge demanda qu’on le fit lors des apparitions. Oui, le bon Dieu doit être bien heureux de voir le soin que nous manifestons par notre dévotion envers celle qu’il a choisie pour être la mère de son Fils. La dévotion mariale n’est pas simpliste mais elle est simple afin d’être accessible à tous. La piété mariale répond très précisément à l’attente de la Vierge exprimée dans son Magnificat « désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1,48). Que craindre quand nous sommes dans ses bras, que nous reposons sur son cœur maternel et qu’elle nous présente à Jésus son Fils ? Elle est un refuge inexpugnable où nous sommes gardés du mal et préservés des attaques du malin. Elle est la femme de l’Apocalypse, victorieuse du démon et qui enfante un fils qui sera le sauveur de tous.
Ce mois d’octobre est un cadeau qui nous est fait. Si la longueur des jours diminue, nous avons plus de temps pour nous recueillir et nous mettre en marche ensemble pour accompagner les chercheurs de Dieu en leur partageant le trésor de l’évangile. Ce mois commence avec la fête de sainte Thérèse de Lisieux, sainte patronne des missions universelles et maintenant patronne secondaire de la France. Elle aimait tant Marie, la Vierge au sourire qui veillait sur elle dans ses maladies. N’est-elle pas une merveilleuse docteur de l’Église ? Ceci veut dire que les écrits qu’elle nous a laissés, surtout l’histoire d’une âme, sont reconnus comme porteurs d’une valeur universelle. Son récit autobiographique est un trésor de la vie spirituelle accessible à chacun. Avant de mourir elle écrit : « Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi si petit… je l’aime !… car il n’est qu’amour et miséricorde ! ».
Je vous souhaite un heureux mois d’octobre.
Prions avec cette belle prière d’abandon de sainte Thérèse, même si les mots sont un peu datés, le texte en garde la profondeur liée au choix de notre petite sainte d’être tout à Jésus.
« Mon Dieu, je Vous offre toutes les actions que je vais faire aujourd’hui, dans les intentions et pour la gloire du Cœur Sacré de Jésus ; je veux sanctifier les battements de mon cœur, mes pensées et mes œuvres les plus simples en les unissant à ses mérites infinis, et réparer mes fautes en les jetant dans la fournaise de son amour miséricordieux. Ô mon Dieu ! Je Vous demande pour moi et pour ceux qui me sont chers la grâce d’accomplir parfaitement Votre sainte volonté, d’accepter pour Votre amour les joies et les peines de cette vie passagère afin que nous soyons un jour réunis dans les Cieux pendant toute l’éternité. Ainsi soit-il. »
Sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897)