#245 «Jésus doux et humble de Cœur, donne-nous des prêtres selon ton cœur.»

Nourrir notre foi est une nécessité et c’est aussi une joie, un don merveilleux qui nous ouvre à l’infini de Dieu. Par sa venue à Marseille, le pape François nous a nourris par ses commentaires de la parole de Dieu, particulièrement avec sa méditation de la visitation faite par la Vierge Marie à sa cousine Élisabeth. Quelle belle joie nous a-t-il offerte en nous rassemblant autour du Christ, particulièrement lors de la célébration eucharistique dans le stade vélodrome ! Le matin même, au palais du Pharo, j’avais le bonheur d’être en présence des soixante jeunes venus de trente pays avec leurs évêques pour ces rencontres méditerranéennes. Les témoignages et les synthèses des groupes de travail nous décentraient de nos questions plus locales et françaises pour ouvrir notre cœur à l’universalité de l’Église capable de créer de tels rassemblements, unissant dans le dialogue et la fraternité des croyants de plusieurs religions, venant de différentes cultures en vue d’un avenir de paix sans détourner notre regard des personnes en grande précarité qui ont quitté leur pays à la recherche d’une terre où vivre. Marseille nous a apporté un élan merveilleux que nous devons concrétiser.

Comment agir face à ces défis ? Nous avons reçu en héritage une tradition de prière et d’action. Les deux se complètent et s’enrichissent. Que l’on soit un catholique fervent ou un recommençant, nous ressentons le besoin d’ancrer nos activités dans la Parole de Dieu, de connaître l’enseignement de l’Église, de découvrir les écrits des saints, de comprendre la vocation de l’homme dans le plan de Dieu, d’envisager une juste éthique dans les relations entre les sociétés. Cette quête stimule notre curiosité intellectuelle et notre désir spirituel. Pour rendre compte à nos contemporains de notre espérance, notre foi doit s’approfondir. « Et vous, que dites-vous que je suis ? » demande Jésus aux apôtres. En qui croyons-nous et comment annoncer le salut ? Ceux qui entreprennent cette aventure découvrent avec bonheur qu’elle est passionnante.

Dans notre équipe diocésaine, une réflexion est entreprise pour discerner quel sera le parcours proposé pour nous former. Les personnes qui rejoignent l’Église et désirent intégrer un groupe pour suivre le catéchisme sont nombreuses. À la paroisse Notre-Dame de Chartres, une trentaine d’adultes demandent le baptême. La création d’une école de disciples, proposant un itinéraire que chacun pourra rejoindre là où il en est, devient nécessaire. Nous le savons, la vie chrétienne consiste à marcher ensemble. Au cœur de ce parcours, c’est une rencontre de Jésus vivant que nous désirons vivre par la lecture assidue des écritures, par la prière commune et par l’adoration, enfin par le service d’autrui. N’est-ce pas le moment de réfléchir à une proposition renouvelée, en créant des espaces de fraternité dans nos paroisses, telles des cellules missionnaires qui permettent de se retrouver régulièrement ? Comment quadriller notre territoire rural d’un réseau fraternel pour que tout fidèle en bénéficie à une distance géographique raisonnable ? Comment mettre au sein de nos équipes ces frères et sœurs nouveaux par leur conversion, par leur culture différente, sans rester entre « chrétiens historiques » et accueillir la nouveauté de l’Esprit ? Ainsi accueil, formation, méditation, entraide, célébration, fraternité seront les composantes unifiées d’une vie chrétienne riche et attirante. Nous voyons d’ailleurs de telles initiatives prendre forme dans différents lieux et nous entendons la joie des personnes qui se lancent dans des projets missionnaires.

Nous parlions la semaine dernière de la confirmation, sacrement communiquant la force et les dons du Saint Esprit. Notre vie quotidienne est soutenue par l’eucharistie, sacrement essentiel pour notre salut, sacrifice de Jésus-Christ continué sur tous les autels du monde depuis sa mort au Calvaire et sa résurrection. L’eucharistie est le troisième sacrement de l’initiation chrétienne. C’est Jésus qui décida d’instituer l’eucharistie, mot grec qui signifie « action de grâce », en disant aux apôtres « faites ceci en mémoire de moi » lors de la dernière Cène avant sa passion. Lors de l’eucharistie, les croyants remercient Jésus-Christ pour sa vie donnée qui sauve du péché et de la mort. Aussi, nous louons et nous remercions Dieu qui a livré sa vie pour nous. Notre présence à la messe est un remerciement pour cette grâce reçue, pour la Parole qui éclaire notre vie, pour la joie communautaire. Nous bénissons Dieu pour ces frères et sœurs, connus pour certains, inconnus pour d’autres avec qui nous partageons ce moment. L’eucharistie nous relie par un lien spirituel invisible pour former un même corps dont Jésus est la tête. Nous prions les uns pour les autres. Beaucoup vivent des épreuves, la souffrance, la maladie, le deuil. Lors de l’offertoire, le fidèle s’offre en sacrifice « d’agréable odeur » pour être transformé par l’Esprit, pour offrir sa vie qui appartient à Dieu. À cet instant, j’aime regarder l’assemblée et voir vos visages au-delà de la patène et du calice que j’élève et je vous présente à Dieu le Père connaissant certaines de vos souffrances et je Lui demande de vous considérer avec tout son amour : « Tu es béni Seigneur Dieu de l’univers, dans ta bonté, tu nous donnes ce pain fruit de la terre et du travail des hommes, il deviendra le pain de la vie, Seigneur notre Dieu ». Nous sommes alors ces hommes et ces femmes qui présentons à Dieu tout le labeur accompli pour embellir le monde à la louange et à la gloire de Dieu. Nous attendons le pain du Ciel, la communion eucharistique, notre nourriture en vue de la vie éternelle.

Vient l’invitation faite à l’assemblée au début de l’offertoire : « priez, frères et sœurs, que mon sacrifice qui est aussi le vôtre soit agréable à Dieu le Père tout puissant. » Cela signifie que la prière de chacun est attendue et nécessaire afin que le sacrifice eucharistique soit reçu par Dieu. Il s’agit non seulement du sacrifice opéré par l’action sacramentelle de l’évêque ou du prêtre, mais aussi par l’action de tout le peuple en communion avec le célébrant, par sa prière et son offrande entière. Les fidèles répondent unanimement « que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice, à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Église. » J’aime chanter cette invitation et vous entendre répondre avec joie et détermination. Le sacrifice est toujours le même et unique sacrifice du Christ, il continue à réaliser ce pour quoi Jésus l’a institué de manière réelle et efficace par les mains et les paroles du célébrant qui agit in personna christi. Sans le ministère sacerdotal, point de sacrifice eucharistique. Voici une motivation urgente pour demander à Dieu le Père des ouvriers pour sa moisson, des hommes répondant généreusement à l’appel de donner leur vie pour être prêtre. Ce sacrifice de la messe est célébré dans le monde entier sous de multiples rites élaborés au cours de l’histoire dans des cultures si diverses, il permet que les fidèles communient au même corps de Jésus « pour notre bien et celui de toute l’Église ». La messe n’est pas d’abord l’espace d’une prière individuelle car, par sa nature, elle appelle le bien de toute l’Église, elle crée une solidarité par l’offrande que nous présentons à Dieu le Père, par le Fils dans l’Esprit. L’eucharistie est le bien commun qui dispose chaque fidèle à entrer dans l’universalité de l’Église à qui Jésus a confié le salut des hommes.

À Marseille, il fut merveilleux de ressentir l’émotion de l’assemblée quand le pape François présidait l’eucharistie. Dans ce stade où les joueurs et les spectateurs se retrouvent régulièrement, le Christ se donnait, la Parole était proclamée, la paix était échangée et la joie multipliée. Jésus est présent au milieu de nous comme il l’a promis. L’ayant reçu en nous, pour notre bien, portons-le maintenant là où nous vivons, là où nous travaillons, là où nous souffrons parfois. Soyons des passeurs qui communiquons sa Parole et son précieux corps à ceux et celles qui sont isolés tel saint Tarcisius de Rome, ce jeune garçon qui osa emporter en pleine persécution le précieux trésor eucharistique destiné aux malades. La vie s’est manifestée et nous l’annonçons afin que ceux qui recherchent la face de Dieu le rencontrent. Laissons-nous interpeller et demandons un désir profond d’être disciple-missionnaire. Nous serons surpris par les occasions de rencontre et de témoignage que l’Esprit nous présentera. Osons vivre l’eucharistie en comprenant que la volonté de Jésus est de nous envoyer en mission ite, Missa est !, ce qui signifie « allez, je vous envoie » porter la Bonne Nouvelle.

Afin que la sainte messe soit toujours largement accessible au plus grand nombre de fidèles, prions encore pour demander au Seigneur les prêtres pour notre Église qui est en Eure & Loir et au-delà de ce territoire. Reprenons quotidiennement cette prière pour demander des prêtres pour notre diocèse :

Ô Père, Dieu de bonté,
Nous te confions les jeunes appelés à la sainteté,
Bénis leur vie et leurs projets.
Nous te supplions de susciter parmi eux
des vocations consacrées et sacerdotales.

Jésus doux et humble de Cœur,
Donne-nous des prêtres selon ton cœur.
Qu’ils s’offrent pour célébrer
le saint sacrifice de la messe et les sacrements,
Qu’ils annoncent l’Évangile à tous,
en notre diocèse de Chartres.

Esprit de sagesse et de lumière,
Guide-les et protège-les,
Inonde-les de ta paix et de ta joie.
Face à cet appel, ôte la crainte,
Aide-les à franchir les obstacles,
et comble-les de ton Amour infini.

Sainte Mère de Dieu, Notre Dame de Chartres,
Intercède pour ces jeunes si généreux,
aide les parents à accueillir
la vocation de leur enfant,
nous t’en remercions.

Amen.