#244 «Sois marqué de l’Esprit saint, le don de Dieu»

Le Pape François arrive à Marseille et nous les évêques serons nombreux pour prier en sa présence avec tant de fidèles ! Quelle joie de vivre ces quelques heures avec notre saint Père, de célébrer l’eucharistie avec lui. Monseigneur Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, dit que le pape vient pour nous encourager à regarder ensemble vers la Méditerranée. Les traversées dramatiques de milliers de personnes en déplacement depuis les côtes africaines vers Lampedusa ne font qu’accentuer l’urgence d’œuvrer ensemble au niveau européen, puisque, quels que soient les choix politiques de nos pays, les personnes continueront à embarquer sur de frêles bateaux au risque de leur vie, en payant des sommes considérables à des « passeurs » mafieux, pour atteindre nos pays où ils espèrent une vie meilleure. Si l’Église ne prétend pas apporter la solution au problème politique posé à nos gouvernements européens, elle annonce la Parole de Dieu, l’évangile du salut afin que les cœurs et les intelligences de ceux qui font les choix politiques soient éclairés en vue du plein respect dû à toute personne. En effet, comment l’amour s’exprime envers ces migrants ? Comment prendre soin de chacun ? Comment les catholiques participent-ils à l’effort commun et à l’élaboration de solutions ? Comment en parlons-nous dans nos communautés ?

La résolution de ces drames ne peut pas se limiter à l’accueil mais passe par la recherche de conditions de vie meilleures dans les pays d’origine de ces personnes. Nous percevons que ces enjeux dépassent nos moyens et que nous avons besoin du Saint Esprit, celui que Jésus a promis d’envoyer après son départ : « il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître » (Jn 16,13). L’Église œuvre autant que possible. Voyez combien de coopérants partent pour servir dans des pays qui connaissent une pauvreté criante, combien d’ONG de toutes sortes financent et développent des projets. Je rencontrais voici quelques jours un évêque de la République démocratique du Congo, la RDC. Il me disait que 45% des enfants scolarisés dans son diocèse le sont dans une école catholique. Or ce pays est traversé par des crises et des guerres violentes entre clans, et par le pillage des ressources minières par des puissances étrangères. En RDC, la Russie contrôle désormais la plus grosse mine d’or. L’Église lutte pour le bien des populations locales là où ces gens vivent. L’éducation est le chemin nécessaire pour susciter un avenir à ces jeunes et éviter la fuite des populations. Pareillement au Burkina Faso, près de deux millions d’enfants sont privés de scolarité par les djihadistes. Que deviendront-ils plus tard ? Le père Jean-Pierre Keita repart très prochainement dans son pays et il doit protéger une école du monde extérieur et des bandits afin de permettre la scolarité des enfants. Quel défi ! Nous prions pour lui, je vous le confie.

Oui, nous prions le Saint Esprit, pour que se lèvent des femmes et des hommes de bonne volonté afin de construire une société juste où chacun pourra être instruit, travailler, avoir sa maison et vivre en paix. L’instruction et l’éducation sont le chemin vers une vie future qui garantira la paix.

Le chemin du chrétien, qui débute par le baptême dont je vous parlais la semaine dernière, se poursuit par la confirmation, second sacrement de l’initiation. Quels faits fondent ce sacrement dans les saintes Écritures ? La présence du Saint Esprit est attestée tout au long de la Bible, Dieu promet d’envoyer un Esprit nouveau. Cet Esprit nouveau est l’acteur de la nouvelle alliance voulue par Dieu et annoncée par le prophète Jérémie (Cf. Je 31). Puis Jésus est baptisé par Jean le Baptiste et le Saint Esprit descend sur lui, sous l’apparence d’une Colombe. Pendant son ministère publique, Jésus annonce qu’il enverra l’Esprit Saint après sa passion : l’événement qui réalise cette prophétie est la Pentecôte. Les apôtres, réunis en prière avec la Vierge Marie, des femmes et des disciples, sont saisis par la présence de l’Esprit qui leur fait expérimenter sa venue par des signes : les langues de feu sur leur tête, le coup de tonnerre, la colombe. C’est l’expérience fondatrice qui les libère de leur peur à partir de laquelle ils vont sortir rencontrer les juifs venus nombreux en pèlerinage à Jérusalem. En leur parlant avec conviction, Pierre permet que le soir même du premier jour, trois mille hommes choisissent de suivre Jésus. Après la Pentecôte, l’Esprit ne cesse de se manifester, comme le relate saint Luc dans les Actes des apôtres. Lors de rencontres et de prières, l’Esprit Saint descend sur les personnes et transforme radicalement leur vie. On voit ainsi l’eunuque de la reine de Candace en Éthiopie évangélisé par l’apôtre Philippe et baptisé au bord de la route.

Le baptême ne suffit pas pour une vie spirituelle éclairée et vivante. Dans les Actes des apôtres, nous voyons Paul rejoindre des croyants disciples de Jean le Baptiste qui n’ont pas entendu parler de la présence du Saint Esprit. Paul leur impose les mains, prie sur eux et ils reçoivent une véritable effusion du Saint Esprit comparable au sacrement appelé la confirmation « et ils se mirent à parler en langues mystérieuses et à prophétiser. Ils étaient une douzaine d’hommes au total » (Act 19,6-7). Ce sacrement fait entrer le fidèle dans la plénitude des dons que l’Esprit veut lui conférer pour qu’il soit disciple et missionnaire. Ces nombreux dons peuvent être aussi appelés charismes quand ils sont communiqués en vue du bien commun.

Le signe liturgique de la confirmation est l’imposition des mains par l’évêque accompagnée par l’onction du saint chrême. Une parole est prononcée « sois marqué de l’Esprit saint, le don de Dieu ». Dans l’ancien rite, on donnait une claque au fidèle pour lui rappeler la force de l’Esprit et qu’il n’oublie pas le don reçu. Aujourd’hui, il est préféré la formulation de quelques mots d’encouragement. Ce sacrement enracine la vie chrétienne et fortifie la décision de suivre Jésus-Christ. Le lien avec l’Église est renforcé et le fidèle reçoit une force spéciale pour être une pierre vivante dans la grande construction commune. Ce sacrement confère une marque définitive et indélébile, tel un sceau de l’Esprit imprimé sur toute sa personne.

Dans la vie pastorale de l’Église, beaucoup de personnes demandent la confirmation. Mais tant de baptisés ne le font pas ! Ils vivent une sorte d’incohérence qui peut être comparée à celui qui possède une belle voiture mais qui n’y met pas de carburant. La confirmation donne la grâce de déployer pleinement la vie de foi et soutient les autres sacrements comme celui du mariage. C’est pour cela que le droit de l’Église que l’on appelle le droit canonique demande que tous les fiancés soient confirmés avant de contracter un mariage devant Dieu. Pourquoi le sacrement du mariage a-t-il besoin de la confirmation ? Pour que les époux soient soutenus jour après jour, toute leur vie, par le don gratuit de Dieu. Ne pas en comprendre la logique et l’importance est un signe d’immaturité spirituelle. Chaque fiancé peut se donner le temps de préparer et de recevoir le sacrement de la confirmation. Il en va de même pour être diacre et prêtre. C’est encore le cas pour être parrain ou marraine, car il est nécessaire d’être formé et de vivre pleinement de sa foi chrétienne pour accompagner un nouveau baptisé, enfant ou adulte. Puissent les communautés paroissiales, tout en accueillant largement tout homme qui cherche Dieu, encourager les baptisés à découvrir la beauté, la profondeur et la nécessité du sacrement de confirmation, étape essentielle, soutien indispensable de la vie spirituelle en vue du salut vers la vie éternelle.

Renouvelons par notre prière notre accueil des dons du Saint Esprit que nous avons reçus par les sacrements. Soyons fidèles à notre prière quotidienne, ou mettons-la en place, cela est nécessaire et urgent, car prier avec le texte des évangiles fait partie de la vie normale du catholique. Je vous propose de méditer les quelques versets du psaume de ce prochain dimanche :

Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais.
Il est grand, le Seigneur, hautement loué ;
à sa grandeur, il n’est pas de limite.
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.
Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.
(Ps 144 (145), 2-3, 8-9, 17-18)