#242 «La naissance de Marie, commencement discret du projet de salut !»

Notre-Dame est vénérée depuis le haut Moyen-Âge à Chartres, et les pèlerinages fort nombreux sont accueillis en notre cathédrale par un grand nombre de catholiques, salariés et surtout bénévoles. Qu’ils soient tous remerciés pour les permanences effectuées durant l’été qui ont permis à tant de visiteurs de tous pays de découvrir le trésor merveilleux de ce lieu spirituel, la présence de Marie nous accueillant et présentant son Fils Jésus source de toute sagesse.

Or ce 8 septembre, c’est la fête de la nativité de la Vierge Marie célébrée depuis le Ve siècle. En 2024, nous inaugurerons à Chartres le jubilé des mille ans de la crypte de la cathédrale Notre-Dame. L’achèvement de sa construction en 1024 est attesté par un écrit de l’évêque Fulbert dans lequel il parle des enduits « bientôt secs ». La crypte romane survécut ensuite au feu qui brûla la cathédrale en 1194. Cette crypte longue de plus de 200 mètres est le lieu originel du pèlerinage que l’on fait auprès de « Notre-Dame-sous-terre » avant de découvrir la nef lumineuse en y accédant par un escalier sous la tour sud, prodige d’architecture romane du XIIe siècle. Le pèlerinage de Chartres attire depuis plus de mille ans les pèlerins de toute l’Europe : ils viennent vénérer la relique du voile de la Vierge Marie, donnée en cadeau au chapitre de la cathédrale par le roi Charles le Chauve en l’an 876. Cette relique signifie la protection de la Vierge pour les croyants. Telle une mère qui protège son nouveau-né d’un châle, Marie nous protège du mal. Dès le IIIe siècle, on priait avec les paroles suivantes : « sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions sainte Mère de Dieu ».

Notre jubilé s’achèvera le 15 août 2025. Une équipe travaille déjà au rectorat et espère de nouveaux talents afin de bâtir un programme liturgique, cultuel, artistique, culturel et académique. Des célébrations internationales, des expositions, des visites, des concerts, des conférences, tout un panel de propositions seront offerts aux visiteurs que nous espérons nombreux.

La nativité de Marie, célébrée le 8 septembre, est une fête de la discrétion et de la sainteté. C’est à un couple âgé, et jusqu’alors stérile, Anne et Joachim, d’enfanter une fille qui, selon une tradition ancienne, fut élevée au temple de Jérusalem. Dieu lui fit la grâce unique d’être conçue sans la trace du péché originel, d’où le dogme de l’Immaculée Conception dont elle bénéficie non comme un privilège personnel mais comme une vocation universelle en vue de sa future mission. Quelle fut sa mission ? Devenir la mère du Messie, le « Fils de l’homme » annoncé par le prophète Daniel, c’est-à-dire recevoir en son sein le Verbe divin dont parle le prologue de l’évangile selon saint Jean.

Nous pouvons appliquer à la Vierge Marie la parole de Jésus : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure (Jn 15, 16) ». Ce verset vient d’une conversation que Jésus engage avec ses apôtres. Il leur demande de « demeurer dans son amour ». C’est bien cela que la Vierge Marie a réalisé durant sa jeunesse, aimer toute personne, particulièrement ses parents, Anne et Joachim, et aimer Dieu par-dessus tout. Marie comprend que cet amour signifie donner sa vie complètement. Elle connait les exemples de femmes juives qui se sont offertes pour leur peuple : Esther reine à Suze qui résiste à la menace d’extermination orchestré par Haman, le ministre de son époux, Judith qui va courageusement au-devant d’Holopherne chef de l’armée assyrienne du roi Nabuchodonosor, Yaël qui tue Sisera le chef de l’armée cananéenne et qui délivre son peuple. Dans l’Ancien Testament, nombreuses sont les femmes qui participent au projet divin en faveur du peuple hébreu : Ruth la moabite qui fut l’arrière-grand-mère du Roi David, Rahab femme prostituée qui cacha les envoyés de Moïse à Jéricho pour les sauver de la mort. La Vierge Marie reprend dans sa psalmodie les prières qui leur sont attribuées, elle les chante à la gloire du Dieu de ses pères, Abraham, Isaac et Jacob. Marie a été préparée et choisie par Dieu bien avant l’annonce faite par l’ange Gabriel. Toute sa personne lors de son enfance se préparait à devenir mère de Jésus et mère de Dieu. Et voici que s’accomplit la prophétie d’Isaïe : elle reçoit en elle celui qui est l’Amour, celui qui sauve le monde, celui qui se donne afin que nous ayons la Vie maintenant et toujours.

Qu’en est-il de chacun de nous ? Sommes-nous aussi choisis par Dieu ? Cela signifie-t-il que chacun est connu de lui ? En effet, nous affirmons que nous sommes choisis personnellement et connus de lui dès avant le sein maternel comme le dit le prophète Jérémie (Cf. Je 1, 5). Par le baptême, nous sommes sauvés de la mort et promis à la vie éternelle. Notre baptême a pu être célébré à la demande de nos parents ou de nous-mêmes, mais ce sacrement est assurément voulu par Jésus qui demandait aux apôtres de baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit et de faire des disciples dans toutes les nations (Cf. Mt 28, 19). Le choix de Dieu est l’expression de son parfait amour pour chacun. Jésus invite toute personne à accueillir son appel et à ne pas craindre d’y répondre. « Je suis venu pour qu’ils aient la vie en abondance » (Jn 10,10). Que craindre désormais puisque nous savons que le Seigneur est en nous ? Sœur Faustine Kowalska à qui Jésus a confié son message de miséricorde nous a laissé ces mots, « Jésus, j’ai confiance en toi », inscrits sous le magnifique tableau du Christ miséricordieux. Reprenons souvent cette maxime spirituelle « Jésus, j’ai confiance en toi ». Oui, il nous a choisis non pour une vie superficielle mais pour nous conduire sur de « verts pâturages » (Ps 23), là où nous vivons dans la paix en sa présence.

Il faut néanmoins ajouter que suivre Jésus en cette nouvelle année scolaire ne nous épargnera pas le poids du jour, mais en faisant confiance nous expérimenterons que « son joug est doux, son fardeau léger » (Mt 11, 30) car il le porte avec nous. Si nous nous associons dans nos communautés en vivant des rencontres fraternelles, telles des maisonnées ou des groupes bibliques, en priant les uns pour les autres, cela nous fortifiera. À ce sujet, le père Étienne Grenet a écrit un petit livre précieux « la prière des frères » que vous découvrirez avec intérêt afin d’exercer cette forme de prière soit en groupe soit spontanément lors de rencontres informelles. Prier les uns pour les autres est une voie excellente pour attirer la grâce du Seigneur vers celui qui est fragile ou en besoin de soutien.

Vivons donc la belle invitation faite par saint Paul aux Colossiens : « Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. » (Col 3, 12) Ô combien la Vierge a vécu cette parole dès sa venue au monde et dans les moments terribles de déréliction qui l’associaient à la passion de son Fils bien-aimé. Méditons ce jour sur ces qualités de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience, afin de les vivre au mieux en présence de nos proches.

Maintenant, prions Notre-Dame en ce jour de la fête de sa nativité. Avec sa venue au monde, commençait dans la discrétion le projet de salut qui atteint dorénavant le monde entier, car personne ne peut être sauvé en notre humanité hormis par son fils Jésus. Je vous propose de reprendre l’angelus qui fait mémoire de Marie rappelant l’appel de l’ange Gabriel.

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé. Conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.