#236 «Marie se leva et partit avec empressement»

Si ce message vous a été envoyé par un ami, vous pouvez le recevoir directement sur votre boite email. Cliquez ici et inscrivez-vous. A votre tour, faites le suivre à vos amis ! Merci.

Pour écouter ce message en AUDIO, cliquez ici !

Les rencontres préliminaires aux Journées Mondiales de la Jeunesse ont commencé depuis trois jours et des centaines de milliers de jeunes convergent vers le Portugal. Nos 171 inscrits d’Eure & Loir sont arrivés à Coimbra, accueillis chez l’habitant dans plusieurs villages. Nous savons pouvoir compter sur la gentillesse de ce peuple amoureux de la Vierge Marie depuis les apparitions de Fatima en 1917. Ce 28 juillet, je m’y rends pour passer huit jours avec nos jeunes adultes attirés par le Christ et désireux de partager ce rendez-vous spirituel et fraternel. Initiées par saint Jean-Paul II, les JMJ ont marqué deux générations de chrétiens, les premières ayant eu lieu à Rome le 23 mars 1986, puis à Buenos Aires en 1987 et depuis sur quatre continents, hormis pour l’instant en Afrique en raison de structures inadaptées à l’accueil d’un à deux millions de participants. Par les JMJ, la visibilité de l’Église catholique s’est accrue pour tous les peuples de la Terre. La joie et la paix y sont manifestées montrant qu’une foule incroyable partage le désir de suivre le Christ. Si la fête et les chants sont souvent au cœur des journées, les célébrations et l’adoration eucharistique se vivent dans un réel recueillement. La confession fait partie du programme grâce aux milliers de prêtres présents. C’est d’ailleurs lors des JMJ que beaucoup d’hommes ont reçu l’appel au sacerdoce.

Cette année, le thème choisi par le pape est : « Marie se leva et partit avec empressement » (Lc 1, 39). Voici le vœu du saint Père : « En ces derniers temps difficiles, alors que l’humanité, déjà éprouvée par le traumatisme de la pandémie, est déchirée par le drame de la guerre, Marie rouvre pour tous et en particulier pour vous, jeunes comme elle, le chemin de la proximité et de la rencontre. J’espère, et je crois fermement, que l’expérience que beaucoup vivront à Lisbonne en août prochain représentera un nouveau départ pour vous, les jeunes, et – avec vous – pour toute l’humanité. » (Message du pape François pour la 37ème journée mondiale de la jeunesse 2023)

Essayons d’imaginer combien l’Annonciation faite à Marie par l’archange Gabriel la bouleverse. Certes, à son époque, l’attente messianique est forte. Les prophètes n’ont eu de cesse de répéter que Dieu allait se manifester. Restait à savoir comment. Comment imaginer la rencontre d’un ange avec une jeune femme fiancée pour lui présenter la demande de Dieu, afin qu’elle acquiesce de mettre au monde le fils du Très-Haut, cela sans le concours d’un homme ? Marie est bouleversée et cependant lucide : « comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais point d’homme ? » (Lc 1,34) Elle est vierge, fiancée mais pas encore établie en vie commune avec Joseph. Si ces plans personnels sont abolis, dès cet instant elle vit à l’écoute des motions de l’Esprit. Malgré tous les risques, elle donne son oui à l’ange. À l’annonce de la grossesse de sa cousine Élisabeth, âgée, elle se lève et se met en route vers une ville lointaine pour la soutenir jusqu’à la naissance. Elle part ainsi trois mois, jeune-femme frêle et enceinte du futur messie, pourtant déterminée dans sa tête et forte dans son cœur.

Saint Augustin disait que Marie est plus disciple que mère de Jésus. Jésus est encore en son sein lorsqu’elle décide qu’il lui faut suivre l’appel de Dieu, se lever et partir en hâte pour servir Élisabeth. Commentant ce passage, le pape François affirme que « la Mère du Seigneur est le modèle des jeunes en mouvement, non pas immobiles devant le miroir à contempler leur propre image, ou « pris au piège » dans des réseaux. Elle est toute tournée vers l’extérieur. Elle est la femme pascale, en état permanent d’exode, de sortie d’elle-même vers le tout Autre qu’est Dieu et vers les autres, ses frères et sœurs, surtout les plus démunis, comme l’était sa cousine Élisabeth. » Le pape aime cette idée du mouvement et écrit dans Christus vivit, autre texte destiné aux jeunes, de ne pas rester dans un canapé ou sur un balcon à regarder passer le monde sans se mettre en route. Se lever sous-entend un engagement de la volonté personnelle à l’écoute des motions du Saint Esprit qui ne peuvent nous égarer, pour prendre part à la construction de notre société en y apportant la lumière de l’Évangile. Jésus compte sur les jeunes de notre époque pour allumer ce feu qu’il « lui tarde de voir déjà allumé » (Lc 12, 49). C’est le feu de la charité en acte au bénéfice des pauvres et des petits. Marie a compris que le Seigneur lui demande de soulager et de servir sa cousine âgée. Pareillement, il demande aux jeunes de discerner qui servir pour un monde heureux. Pensons à tous ces jeunes gens qui ont suscité ces folles émeutes. Loin des discours faciles sur l’immigration incontrôlée, pouvons-nous nous « lever en hâte » pour imaginer une proximité, une écoute, un accompagnement, une présence dans ces quartiers difficiles afin d’aimer tout simplement ceux et celles qui vivent là ? Je suis heureux que six religieuses sœurs apostoliques de saint Jean vivent en communauté au cœur d’un « quartier » de Dreux, à deux pas de l’église Saint-Michel, à cent pas du lycée catholique de Couasnon. Le père Jean-Baptiste Popot qui part à Dreux comme vicaire habitera là au contact de ces populations diverses, de ces jeunes, des dealers, des familles d’origine étrangère. J’ai l’espérance que le Rocher Oasis des cités s’installera à Dreux avec des permanents souvent bénévoles vivant parmi ces populations. La mission ad gentes est là pour bâtir le Royaume de Dieu : quand deux chrétiens sont réunis pour prier et servir, car alors Jésus est présent comme il l’a promis et le Royaume de Dieu, qu’est le Christ, peut advenir.

Marie est partie en hâte. Saint Ambroise, évêque de Milan dont la prédication touchera l’intelligence puis le cœur de saint Augustin, dit que « la grâce du Saint-Esprit ne souffre pas de lenteur ». Aussi le pape François ajoute que « la hâte de Marie est donc la sollicitude du service, de l’annonce joyeuse, de la réponse prête à la grâce de l’Esprit Saint. » Certes, devant les besoins des hommes de notre temps, nous devons nous arrêter pour réfléchir aux projets d’entraide, avec qui les réaliser, comment les financer ? Cependant parfois vient le temps de la folie, le temps de partir sans regarder en arrière pour nous mettre au service. C’est plus le privilège des jeunes de tout quitter, même une situation professionnelle pour participer à un projet un peu fou aux yeux des hommes, comme la coopération au nom de Jésus-Christ durant deux années dans un pays lointain. Qui n’ose pas ne goûtera jamais la joie d’une telle aventure humaine et spirituelle. Le pape dit que « Marie est l’exemple d’une jeune qui ne perd pas de temps à rechercher l’attention ou l’approbation des autres – comme c’est le cas lorsque nous dépendons des « j’aime » sur les réseaux sociaux – mais qui se met en quête de la connexion la plus authentique, celle qui naît de la rencontre, du partage, de l’amour et du service. » Sûrement lors des JMJ, beaucoup de jeunes femmes et de jeunes hommes seront interpellés par l’Esprit pour faire ce choix de l’amour et se mettre au service des autres.

Néanmoins, le pape met en garde contre une mauvais hâte qui consiste à tout saisir pour en jouir de suite, à consommer du plaisir artificiel, à profiter vite de relations affectives sans fondement, à passer d’une chose à une autre sans jamais prendre le temps de la vraie découverte de l’autre, de ses pensées et de ses désirs. La société entretient et excite ces pulsions, par exemple par la livraison dans la journée de toutes sortes de biens, et elle nous conditionne à ne plus savoir patienter et désirer, nous façonnant en consommateur insatisfait.

Enfin arrivée chez Élisabeth et Zacharie, Marie offre la joie de sa venue et de sa présence. Les deux enfants attendus dans le ventre maternel se rencontrent mystérieusement et jubilent ensemble, et cette joie est ressentie par les mères qui entrent dans la louange du Magnificat. La vie chrétienne est faite de rencontres, parfois inattendues, comme Jésus et Zachée, comme Pierre et l’estropié de la Belle Porte du Temple, comme Philippe et l’eunuque éthiopien, comme Pierre et le païen romain Corneille, etc. Ces rencontres sont autant d’occasions pour laisser passer de manière invisible l’Esprit qui rassemble les êtres humains, lesquels peuvent alors goûter la joie véritable de la fraternité et de la communion. Cela, nous l’expérimentons dans l’évangélisation de rue par ces touches de bonheur quand la rencontre n’est plus seulement dans l’écoute mutuelle mais dans la communion profonde des cœurs.

Je vous invite à prier pour nous qui sommes au Portugal afin que ces journées portent un fruit de conversion, de fraternité, d’engagement radical à la suite de Jésus. Notre société a besoin de sa lumière et c’est par chacun de nous qu’elle peut rayonner jusqu’aux cercles les plus ignorant de sa présence. Je vous propose de reprendre avec vous la prière de saint Charles de Foucault qui rejoint beaucoup les jeunes.

Mon Père,
Je m’abandonne à toi,
fais de moi ce qu’il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi,
je te remercie.
Je suis prêt à tout, j’accepte tout.
Pourvu que ta volonté
se fasse en moi, en toutes tes créatures,
je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
avec tout l’amour de mon cœur,
parce que je t’aime,
et que ce m’est un besoin d’amour
de me donner,
de me remettre entre tes mains, sans mesure,
avec une infinie confiance,
car tu es mon Père.