#233 «Il a plu à Dieu dans sa bonté et sa sagesse de se révéler en personne !»

Les vacances scolaires ont commencé. Beaucoup d’enfants et de jeunes sont en camp scout. À Chartres, nous préparons les écoles de prière qui accueilleront une centaine d’adolescents. Les derniers préparatifs des JMJ battent leur plein, et ils seront 170 les jeunes du diocèse à y participer.

Je vous souhaite de prendre du repos cet été. Dans les paroisses, nous aurons des résidents nouveaux et des touristes qui participeront à nos messes. Sachons les accueillir, certains ont des talents musicaux qui enrichiront nos liturgies si nos cœurs sont ouverts. Tous les fidèles d’Eure & Loir ne partent pas en vacances et notre campagne est belle pour la détente, le sport, la découverte de la nature. Vivez de bons moments d’équipes et d’échanges entre prêtres, diacres et fidèles. Prenez le temps de lire ensemble l’évangile avant l’apéritif !

Cependant protégez-vous des chaleurs surtout les plus anciens d’entre nous. Les températures relevées sur notre planète Terre sont les plus hautes jamais enregistrées. En Alsace, il y a eu quarante jours sans pluie, du jamais vu en 54 ans. Même si de gros orages ont récemment traversé la France, la terre est sèche. Cela nous demande de réfléchir réellement à notre mode de vie, à nos consommations et nos déplacements. Chacun de nous peut-il avoir un quelconque impact sur le climat ? Nos actions semblent tellement dérisoires, par exemple si nous économisons un peu d’eau chaude pour la douche, alors que l’on voit des milliers d’avions, des navires énormes et des centaines de millions de voitures qui brûlent tant de carburant. Cependant, affirmons que tout effort mérite d’être reconnu. Un flocon de neige ne pèse pas, mais un grand nombre brisent une grosse branche. Aux JMJ de Lisbonne, les enseignements se centreront sur l’écologie intégrale promue par l’Église catholique particulièrement dans l’encyclique Laudato Si du pape François. Dieu nous confie sa création et chacun a une responsabilité personnelle.

Je souhaite continuer à lire le texte Dei Verbum que j’ai ouvert avec vous voici trois semaines. Il s’agit d’un texte central sur la Révélation sur ce que Dieu veut dévoiler, comment il le fait, comment il nous a parlé par les patriarches, les prophètes et finalement par son Fils, le Verbe divin « par qui tout a été fait » (Cf. Jn 1,ss).

Le Concile Vatican II affirme la centralité de l’incarnation dans la Révélation, c’est-à-dire la venue de Dieu par le sein maternel de la Vierge Marie, soit son Verbe créateur, par la naissance de l’enfant Jésus, le nouveau messie. Il est difficile de commenter un tel texte, tant il est riche et précis. Prenons un extrait qui parle du « Christ, plénitude personnelle de la révélation ». Je cite le Concile : « C’est donc lui – le voir, c’est voir le Père (cf. Jn 14, 9) – qui, par toute sa présence et par la manifestation qu’il fait de lui-même par ses paroles et ses œuvres, par ses signes et ses miracles, et plus particulièrement par sa mort et sa résurrection glorieuse d’entre les morts, par l’envoi enfin de l’Esprit de vérité, achève en l’accomplissant la révélation, et la confirme encore en attestant divinement que Dieu lui-même est avec nous pour nous arracher aux ténèbres du péché et de la mort et nous ressusciter pour la vie éternelle. » Pesons le sens profond et la justesse de ce qui est dit ici. Voir Jésus, c’est voir le Père, le Concile tire cela de la bouche même de Jésus qui dira à l’apôtre Philippe : « qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,9). Cela signifie que Jésus dans son humanité charnelle laisse « trans-passer » sa nature divine. Pourtant son être spirituel, sa lumière intérieure et sa gloire sont cachés par l’enveloppe qu’est son corps que les apôtres voient et côtoient. Cette lumière passe à travers lui, au-delà de lui, par ses regards sur ceux que personne ne regarde, par ses gestes qui touchent des intouchables, par ses paroles qui consolent ceux qui pleurent leurs morts. Le voir n’est pas le tout de la foi, puisque la foi fait reconnaître en lui celui qui achève la révélation commencée avec le patriarche Abraham. Jésus manifeste que Dieu est présent à nos vies humaines et il nous arrache à la mort pour nous offrir la vie éternelle. La révélation a son sommet en la personne du Christ qui donne tout.

Jésus est ainsi le visage, l’icône qui permet de voir la présence même de Dieu. Il est venu tout dire de l’amour de Dieu. Dorénavant, il est là par l’Esprit pour nous enseigner cela dans nos contextes de vie et avec nos langages. Avec lui, la Révélation est accomplie. « Cependant, même si la Révélation est achevée, elle n’est pas complètement explicitée ; il restera à la foi chrétienne d’en saisir graduellement toute la portée au cours des siècles » dit le catéchisme (CEC 66).

Comprenons clairement « qu’aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus Christ » (DV 4). Dieu n’a plus envoyé d’autres prophètes pour donner un nouveau message. Certes certaines apparitions sont reconnues vraies par l’Église mais elles sont rares et ne sont qu’un encouragement aux croyants à être fidèles à la Révélation achevée par le Christ, par exemple par la conversion et une vie de prière intense. Parfois on les appelle « révélations privées ». À ce sujet, j’aimerais citer le catéchisme pour en éclaircir la réalité : « Au fil des siècles il y a eu des révélations dites “privées”, dont certaines ont été reconnues par l’autorité de l’Église. Elles n’appartiennent cependant pas au dépôt de la foi. Leur rôle n’est pas d’“améliorer” ou de “compléter” la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement. Guidé par le Magistère de l’Église, le sens des fidèles sait discerner et accueillir ce qui, dans ces révélations, constitue un appel authentique du Christ ou de ses saints à l’Église. La foi chrétienne ne peut pas accepter des “révélations” qui prétendent dépasser ou corriger la Révélation dont le Christ est l’achèvement. C’est le cas de certaines religions non chrétiennes et aussi de certaines sectes récentes qui se fondent sur de telles “révélations”. » (CEC 67)

La Révélation appartient au dogme chrétien. Au contenu révélé, il est demandé aux membres de l’Église « l’obéissance de la foi » c’est-à-dire un assentiment personnel. On peut dire que le résumé de la Révélation est exprimé dans le Credo, particulièrement le symbole de Nicée-Constantinople, deux villes importantes de l’empire byzantin où eurent lieu les premiers conciles œcuméniques. Ce symbole est notre formule de reconnaissance pour l’ensemble des chrétiens. Rappelons que le mot obéir vient du verbe écouter, plus précisément jeter son oreille vers, ou tendre l’oreille. L’obéissance découle du choix d’écouter l’Esprit nous parler et nous guider. Écouter de tout son cœur n’est pas d’abord une attitude amoureuse mais une adhésion de l’intelligence et de la volonté au Seigneur qui nous parle. L’obéissance s’impose à qui désire être conduit sur le chemin de la vérité en vue de son union profonde avec Dieu, ce que le Concile appelle « un complet hommage d’intelligence et de volonté à Dieu qui révèle ». Il est possible que cela vous paraisse difficile à recevoir. Je vous confirme que c’est complexe et comme c’est important de comprendre les fondements de la foi ecclésiale, je vous encourage à vous former, par des lectures, l’étude du Catéchisme de l’Église catholique, par des MOOC sur Internet. Sur le site du diocèse de Chartres, vous trouverez des propositions et des liens. En d’autres temps, certains voulaient simplifier l’expression de la foi, ils ont préféré fredonner « je crois en Dieu qui chante », mais cela n’a pas de sens et cela n’appartient pas à notre tradition. Pasteur du diocèse de Chartres, je peux témoigner que les fidèles sont capables d’approfondir leur foi et de faire leur le contenu de la Révélation. Cela demande du travail et chaque fois qu’un laïc me partage son engagement dans la formation qu’il suit, il me dit sa joie face aux découvertes qu’il fait. À chacun de choisir d’entrer dans une foi éclairée qui permet de rendre compte de notre espérance à ceux qui nous interrogent. Mes amis, en avant, allons au large avec audace !

Si nous lisons un peu plus le texte du Concile, il nous est dit que notre raison humaine est capable d’approcher les choses de Dieu. En citant saint Paul, le saint Concile reconnaît que « Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées » (cf. Rm 1, 20). Le temps de l’été est le moment idéal pour des marches, des longues balades à vélo, des moments de contemplation face à la mer ou en montagne. C’est le temps d’être dans son jardin ou sur les chemins, à observer arbres et plantes, animaux, oiseaux et insectes. Bénissons Dieu pour ses créatures comme saint François d’Assise. Chaque être vivant, même les plantes, nous sont donnés comme un reflet de la Gloire et de la bonté divines. La nature devient alors un oratoire à ciel ouvert pour faire monter nos louanges et nos hymnes chantés.

Prions ce jour avec un grand sentiment de gratitude envers Dieu qui nous offre un nouveau jour pour le bénir. Je vous propose la prière la plus connue de la tradition orthodoxe vers l’Esprit Saint :

« Ô Roi céleste, consolateur, Esprit de vérité, toi qui es partout présent, et qui remplis tout, trésor des grâces et donateur de vie, viens et demeure en nous, et purifie-nous de toute souillure et sauve nos âmes, toi qui es bonté. » et nous pouvons aussi le chanter avec ce lien https://youtu.be/mA6_a6TbMcw