Nous sommes dans la joie de Pâques et nous nous préparons à vivre intensément la Pentecôte comme nos 5 000 baptisés de Pâques. C’est la rencontre de Jésus devant qui nous fléchissons le genou qui les a conduits à ce sacrement merveilleux.
Quel étonnement devant le développement du catéchuménat ? Nous ne le savons pas vraiment, mais nous constatons que les baptêmes ont été nombreux en France. À Talence, paroisse des étudiants de Bordeaux, vingt jeunes adultes reçurent par le baptême le don de la foi en vue de la vie éternelle. La foi est le premier don du baptême. Bien entendu, ceux qui s’approchent de l’Église pour recevoir ce sacrement avaient déjà foi en Dieu, mais l’Esprit leur a donné dorénavant la certitude de ce don et la vie éternelle qui va avec. Le baptême ouvre les portes du Ciel. Maintenant, ces néophytes vivent selon la loi du Saint Esprit, refusant le péché, étant témoins de la résurrection. Saint Paul confirme la juste attitude de tout baptisé : « si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. » (Rm 5, 4) La vie nouvelle est promise par Dieu, elle est ce cœur nouveau et cet esprit nouveau qu’annonçait le prophète Ézéchiel. Elle ne se compromet pas avec l’esprit du monde, ce que Paul nomme la chair. Le chrétien choisit de vivre dans l’Esprit et pas selon la chair et ses convoitises. L’amour de Dieu appelle une réponse ferme de notre part. Être chrétien, baptisé et témoin auprès de nos frères, nous oblige. La radicalité évangélique est le seul chemin du témoignage et de la sainteté. Nul ne peut rester « assis entre deux chaises ». Par le baptême, nous optons pour la résurrection et la vie éternelle, nous vivons comme ressuscités parmi nos concitoyens, nous mettons Jésus-Christ au centre de notre vie en lui faisant confiance et en étant fidèles aux commandements de Dieu. Certains pourraient s’illusionner en se disant que l’Amour de Dieu est tellement grand que ce que nous faisons de mal sera pardonné. Ils se plaisent à penser que l’on peut vivre tièdement la foi, sans respecter les commandements que l’Église enseigne. Quelle illusion, mes amis ! Le Christ nous a prévenu : « Amen, je vous le dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux. » (Mt 19, 24) On ne peut servir deux maîtres. Saint Paul demande que nous ne retombions pas dans l’esclavage du péché. Quelle pauvre joie ce serait de continuer à être complice du péché. Il y a tellement mieux à recevoir. Comme l’écrit un femme musulmane devenue chrétienne « aujourd’hui, je veux vivre, et vivre de lui. Christ est parole de vie, et non de mort ou de demi-vie. Consacrée au Christ dans mon cœur, je rends grâce à l’Éternel. »
Les néophytes sont des nouveaux chrétiens, ils sont comme de jeunes arbres encore verts qui risquent de plier sous l’effet du vent et de casser. Nos communautés catholiques sont leur lieu de croissance. Pour être repiqués en pleine terre, il leur faudra être accompagnés et soutenus. S’il-vous-plaît, ne laissez pas ces frères et sœurs encore fragiles sans en prendre soin. Fortifiez les liens de fraternité autour d’eux. Transmettez-leur la Parole de Dieu par des temps d’échange. Vivez avec eux la sainte messe pour que leur participation s’accroisse. On demandera aux lecteurs habituels de leur offrir la place puisqu’en tant que chrétiens confirmés, ces néophytes peuvent proclamer la parole durant l’eucharistie. Eux aussi doivent changer de vie, corriger ce qui ne convient plus de vivre comme le concubinage qui ne permet pas de communier. Ces choix positifs orienteront peu à peu leur vie afin de plaire à Dieu en premier et de vivre joyeusement dans l’Église. La joie de l’Esprit est la récompense que nous recevons du Seigneur, elle appelle notre fidélité et la rigueur d’une vie évangélique : « marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. » (Gl 5, 16-17) La promesse d’une vie nouvelle, l’apôtre Jean en témoigne : « Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ. Et nous écrivons cela, afin que notre joie soit parfaite. » (1Jn 1, 2-4) L’Évangile est celui de la joie qui inspira le pape François pour nous donner la merveilleuse encyclique Evangelii Gaudium (2013). Voulons-nous vivre de cette joie ? Je pense que nous y aspirons : faisons alors le choix de l’exigence et de la fidélité à Jésus-Christ.
Nous sommes arrivés aux mystères glorieux du chapelet et c’est maintenant le second d’entre eux, c’est-à-dire l’ascension de Jésus. Cet événement est fêté en mai avant la Pentecôte. C’est un fait historique étrange. Après sa résurrection, Jésus a passé quarante jours en venant souvent à la rencontre de ses apôtres, de ses disciples hommes et femmes, qu’il a continué à enseigner. Il n’était plus avec eux de manière continuelle, contrairement au temps de la vie publique qu’ils menèrent ensemble durant trois années avant sa passion. Avant l’ascension, il vient et se montre à eux, il les conforte et disparaît. Il entre dans les lieux fermés ou apparaît au bord du lac de Galilée. Au terme de ce temps de préparation pour les missions qu’ils vont accomplir, il les enseignent encore. Puis vient ce moment que saint Luc décrit au début du récit des Actes des Apôtres en donnant la parole à Jésus : « vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » (Act 1, 8-11)
Dans les évangiles, deux manifestations glorieuses de Jésus ont lieu : lors de son baptême et lors de la transfiguration sur la montagne. Or le soir de sa résurrection, il vient au Cénacle dont les portes sont fermées et il donne aux apôtres sa paix avant de les envoyer annoncer le Royaume. Quelle émotion ont-ils ressenti le jour où ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux ? Une surprise totale, un fait inimaginable, mais aussi une disparition douloureuse car ils comprirent que son absence physique était définitive. Ils ne savent pas encore quelle puissance de l’Esprit ils recevront. Un ange leur dit qu’il est vain de rester les yeux fixés sur le ciel, la tête dans les nuages, dirait-on. Le mystère est grand quand il est écrit qu’il s’élève avec son corps, certes un corps devenu glorieux, doté de pouvoirs surnaturels comme celui d’apparaître dans une pièce fermée, mais un corps que l’on pouvait toucher comme il le proposa à Thomas. Un corps humain, puisqu’il mangea avec eux du poisson au bord du lac. Ce corps est parti, ce qui suscite une vraie dissymétrie par rapport à l’incarnation lorsque le Verbe divin, un pur esprit, était venu en la Vierge Marie pour y donner vie à l’enfant Jésus. Ce corps touché par tant de personnes qui s’approchaient de Jésus, leur échappe. Jésus s’élève avec lui, retrouvant la Gloire qu’il avait auprès de Dieu le Père avant la création du monde ; aussi en Dieu quelque chose de notre humanité charnelle existe. « Sans quitter notre condition humaine, le premier, il entre au Ciel. » (Préface de la messe de l’Ascension). Est-ce ce même corps glorieux que Dieu nous rendra à la fin des temps ? Devant ce mystère, nous pourrions hausser les épaules car effectivement il est incompréhensible à la simple intelligence humaine. Cependant savoir l’humanité de Jésus maintenant en Dieu au Ciel dit l’importance de notre corps. Ce corps qui nous est unique, certes un peu lourd voire lourdaud, parfois malade et vieillissant, est un don de Dieu. Il n’est pas une simple enveloppe charnelle à jeter à la fin de notre vie ici-bas. C’est une des raisons pour laquelle l’Église encourage l’inhumation des corps plutôt que leur incinération. Le cimetière est le lieu « où l’on dort » en attendant la résurrection définitive. Avec Jésus maintenant élevé auprès de Dieu le Père, chacun comme membre de l’Église partage sa gloire et ensemble « nous pouvons habiter en esprit dans la demeure des cieux. » (Collecte de la messe)
L’Ascension de Jésus n’est pas un éloignement : il a promis d’être avec nous jusqu’à la fin des temps. Sa présence toute spirituelle n’en est pas moins effective. Il est là quand nous sommes réunis en son nom. Il nous guide par son Esprit qui ne cesse d’œuvrer en nous afin que nous soyons orientés vers Dieu dans nos actions. Jésus demeure solidaire de chacun de nous. Certains convertis font l’expérience d’une rencontre lumineuse et d’un amour extraordinaire, d’une paix qui chasse toutes leurs angoisses. Jésus se donne à voir notamment à des personnes d’autres religions. Les témoignages ne manquent pas de ces rendez-vous improbables et imprévisibles. À nos communautés d’ouvrir la porte du cœur ensuite pour que le chemin s’ouvre devant les pas des bénéficiaires de ces grâces. Annonçons le salut qui nous est donné et confirmé par ce mystère de l’Ascension.
Je vous propose de prier la Vierge Marie avec la prière ancienne du « Souvenez-vous » qui nous propose un merveilleux acte de confiance en Marie qui nous représente au Ciel auprès de Dieu.
Souvenez-vous, ô Très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance ou réclamé vos suffrages, ait été abandonné. Animé de cette confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je viens vers Vous, et gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. O Mère du Verbe Incarné, ne méprisez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. Amen.