#221 «Le Christ est ressuscité d’entre les morts.»

En France, 5 486 adultes ont été baptisés durant la Vigile pascale, cela n’est-il pas merveilleux ? Les compter n’est pas un but en soi, cependant nous constatons que cela signifie 28% de plus qu’en 2022. Est-ce un simple rattrapage du retard dû au confinement ? Ne faut-il pas plutôt discerner un désir nouveau dans le cœur d’hommes et de femmes qui se sont laissé toucher par la grâce, et ont accueilli le Christ dans leur vie ? N’est-ce pas là la force de l’Esprit qui touche des âmes ouvertes à sa présence et à l’amour que Jésus manifeste ? Dans nos communautés, nous devrons leur offrir une vraie place, cela appelle toute notre attention.

Pâques vient d’avoir lieu, nos célébrations ont rassemblé de nombreux fidèles. S’ouvre maintenant un temps liturgique important, le temps pascal. Nous fêtons la joie de la libération pascale durant quarante jours. Dieu veut renouveler l’Église par la puissance du Saint Esprit. Les vêtements liturgiques sont blancs et lumineux, car le Christ est vivant, lui qui est notre lumière. Nous attendons une nouvelle effusion du Saint Esprit en cheminant comme les apôtres avec Jésus ressuscité avant son ascension. Le jour de la fête juive de la Pentecôte, les apôtres, certains disciples et la Vierge Marie sont rassemblés en un lieu appelé le Cénacle. Là, ils vivent une expérience spirituelle bouleversante en recevant les dons et charismes du Saint Esprit qui les rendent capables de sortir et de parler aux foules afin d’annoncer le Royaume de Dieu. S’ouvre alors une nouvelle période de leur vie qui s’achèvera par leur martyre. Pour l’Église naissante, c’est le commencement d’une aventure magnifique qui les conduit vers les quatre coins cardinaux de l’Empire romain pour y apporter l’Évangile, la Bonne Nouvelle du Salut et la promesse de la vie éternelle. L’humanité en est transformée. Le monde entier est marqué par le christianisme, la foi en un Dieu unique révélé par son Fils Jésus, message porté par l’Église catholique qui encourage le service du frère et l’attention à l’autre. De la charité chrétienne naît la notion de solidarité, du respect de toute personne naissent les droits universels de l’homme.

Dans mes messages antérieurs je parlais des mystères douloureux. Avec le chapelet, nous méditons sur les mystères de la vie de Jésus en compagnie de la Vierge Marie, et en cet octave de Pâques, nous pouvons aborder les mystères glorieux. Le premier est celui de la Résurrection du Christ. Avec Pâques, nous la vivons et comprenons que par sa résurrection Jésus nous associe à sa vie divine et que dorénavant nous vivons en ressuscités. La mort a été vaincue. Même si notre corps disparaîtra un jour futur, nous vivons dès maintenant en communion avec Jésus par notre âme, principe de vie unique, qui est éternelle.

Qu’est-ce que vivre en ressuscité ? Paul est un prophète de ce mystère et il l’annonce : « nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts » (1Co 15, 12) Vivre en ressuscité, c’est croire en la résurrection du Christ comme étant l’événement majeur de sa vie et de notre foi. Paul, dans sa prédication, affirme aux Corinthiens que la résurrection est le cœur de la foi chrétienne. Écoutons-le : « et si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu ; et nous faisons figure de faux témoins de Dieu, pour avoir affirmé, en témoignant au sujet de Dieu, qu’il a ressuscité le Christ, alors qu’il ne l’a pas ressuscité si vraiment les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés ; et donc, ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. » (1Co 15, 14-18) Pourquoi sa proclamation serait-elle alors sans contenu ? Car si le Christ n’est pas ressuscité, l’espérance d’une vie nouvelle dans le Christ serait une pure illusion et la foi se réduirait à un recueil de commandements. La foi pour laquelle les apôtres ont donné leur vie par le martyre perdrait sa source et avancerait sans but ; la promesse que Jésus est bien présent et vivant pour guider nos vies serait vide de sens. Nous, disciples du Christ, ne serions plus des témoins mais des enseignants de règles morales à observer en vue de la justice, mais sans le secours de celui qui nous enseigne intérieurement le sens. Plus encore, si Jésus n’est pas ressuscité alors notre vie humaine s’arrête à notre mort terrestre. Paul dit que « si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. » (1Co 15, 19) Nous espérions en quelqu’un qui ne serait pas là nous attachant à une promesse d’éternité qui ne serait qu’illusion. Nous ferions des choix exigeants de vérité, de chasteté et de don de soi, qui n’auraient pas de fécondité dans l’éternité.

Paul réagit et engage tout son témoignage et sa foi en celui qui lui a ouvert les yeux à la porte de Damas. Il écrit avec vigueur « Mais non ! Le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. » (1Co 15, 20) Nous aussi voulons crier au monde que Jésus est vivant, qu’il nous précède en Galilée, la terre des nations. Dans le livre bouleversant des conversions de musulmans, je lis ces mots d’Ali qui a été conduit vers un groupe chrétien algérien en un « bâtiment décrépi, sans caractère, meublé de quelques tables bancales et de bancs à moitié cassés ». Ali se dit énervé, pas intéressé, mais quand la voix du prédicateur s’estompe, il dit « j’entends une autre voix, intérieure celle-là. Très distinctement, Jésus me dit qu’il m’aime, qu’il m’a toujours aimé depuis ma naissance, et qu’il a toujours été à mes côtés pour me protéger. Je vois défiler devant mes yeux toute ma vie. Je comprends qu’il a donné sa vie pour que moi je vive. Et il me demande de le suivre. Je sens une grande chaleur, je suis sur un nuage, comme si j’étais déjà au ciel, et je pleure de bonheur, avec un sentiment de plénitude. J’apprendrais ensuite qu’on appelle ceci une effusion de l’Esprit-Saint. Jésus me console du chagrin de la mort de ma sœur, dans lequel je vivais depuis cinq ans. Devant l’assemblée, je reconnais Jésus comme mon Seigneur et mon sauveur. Je décide de donner ma vie au Seigneur à plein temps ». La rencontre du Christ vivant et sauveur n’est-elle pas la cause de tant de conversions ? Ce temps pascal est le moment propice de l’annonce et de la mission d’évangélisation. Notre foi nous éblouit, le message de l’Évangile nous touche, aussi nous ne nous taisons pas en cherchant à transmettre ce que nous vivons. Il en va du salut d’autres personnes que Dieu met sur notre chemin.

Nous comprenons mieux que ce mystère glorieux de la résurrection est comme la clé de voûte qui tient tout l’édifice de notre foi chrétienne. C’est dans ce mystère que s’enracinent les dogmes, que se nourrit notre vie pastorale et missionnaire, notre charité en acte. Parce que Jésus est ressuscité, nous exultons de joie et nous le louons chaque jour par nos prières et des chants. Nous laissons la joie divine entrer en notre âme. Nous chassons toute tristesse par cette louange. Qu’il en soit ainsi chaque jour. Écoutons encore Paul, ce missionnaire infatigable: « rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ. Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue. » (1Co 15, 57-58) Le bout du chemin c’est le Ciel. Prions maintenant ensemble particulièrement pour que de jeunes hommes accueillent l’appel de Dieu.

Prière pour les vocations (Sainte Faustine) :

O mon Jésus, je te prie pour toute l’Église,
accorde-lui l’amour et la lumière de ton Esprit,
donne vigueur aux paroles des prêtres,
de sorte que les cœurs endurcis
s’attendrissent et reviennent à toi, Seigneur.
Oh Seigneur, donne-nous de saints prêtres ;
conserve les toi-même dans la sainteté.
O Divin et Souverain Prêtre,
que la puissance de ta miséricorde
les accompagne partout et les défende
des embûches et des lacets que le diable
tend continuellement aux âmes des prêtres.
Que la puissance de ta miséricorde,
ô Seigneur, brise et anéantisse
tout ce qui peut obscurcir la sainteté des prêtres,
puisque tu peux tout.
Mon Jésus très aimé,
je te prie pour le triomphe de l’Église,
pour que tu bénisses le Saint Père et tout le clergé ;
pour obtenir la grâce de la conversion
des pécheurs endurcis dans le péché ;
pour une bénédiction et une lumière spéciales,
je t’en prie, Jésus, pour les prêtres
auprès de qui je me confesserai au cours de la vie.
Amen.