Vous écrivant ce message, voici que la nouvelle nous est parvenue : le pape Benoît XVI s’est endormi dans la mort et est parti vers la maison du Père éternel où Jésus lui a préparé une place (Cf. Jn 14,3). Nous pourrions nommer beaucoup de souvenirs et décrire des événements marquants en sa présence. J’ai pu le rencontrer et le saluer, lui discret et délicat lors de ces brèves poignées de main. J’ai apprécié sa douceur et son humilité, surtout une merveilleuse intelligence dans ses paroles. Un moment étonnant fut la veillée des JMJ de Madrid, lorsque la tempête s’est abattue sur le million de jeunes rassemblés, faisant voler les tentes et la calotte du pape. Alors que les services de sécurité l’invitaient à partir à cause des risques, il est resté là, devant le saint sacrement exposé, imposant à chacun, sans un mot, par sa simple attitude d’adoration le désir de contempler Jésus présent au milieu du vent et des bourrasques. Un moment de grâce dans un silence impressionnant. Il nous apparaissait fragile, pourtant une force d’âme le maintenait ferme dans la mission qu’il portait, particulièrement le discours théologique pour lequel son intelligence de la foi a donné de si beaux fruits. Sa recherche s’est centrée sur l’articulation entre la vérité et la foi. Ce pape a laissé des textes de grandes valeurs, trois encycliques comme de nombreux livres, particulièrement Jésus de Nazareth en trois tomes, assurément une synthèse magnifique, fruit de son incomparable érudition. Rappelons ses encycliques : Deus carita est, « Dieu est amour », puis Spe Salvi , « Sauvé par l’Espérance », et enfin Caritas in veritate, « La Charité dans la Vérité ». Ses écrits sont loin d’être épuisés, ils peuvent toujours nous apporter beaucoup : pourquoi ne pas en lire ou en relire un en ces jours ? Rappelons cette belle phrase, si souvent citée, alors qu’il s’adressait aux jeunes : « à vous les jeunes: n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie. » Cette affirmation portait en elle toute la confiance qu’il a donnée à Jésus en travaillant sans relâche la Sainte Écriture et les textes des Pères de l’Église pour expliciter la Révélation.
L’Épiphanie est une fête populaire très appréciée : l’on partage la galette des rois. Mais c’est avant tout une fête spirituelle par laquelle nous célébrons la manifestation de Dieu en Jésus-Christ faite aux nations païennes, représentées par les mages. L’évangile selon saint Matthieu rapporte ce récit et nous présente ces hommes, chercheurs et astrologues, curieux de tout, qui ont pris la route vers l’occident, attirés par une étoile brillante et inconnue, nourrissant leur imaginaire par des prédictions anciennes rapportées dans quelques ouvrages juifs qui annoncent la venue d’un roi. C’est à Bethléem, là où la vierge Marie a donné naissance à son fils Jésus, qu’ils arrivent non sans un détour par Jérusalem pour saluer le roi Hérode le grand, que l’histoire connaît comme l’un des grands tyrans de l’Antiquité. Ils apportent avec eux des présents confectionnés dans leur lointain pays : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. L’or annonce la royauté de Jésus, l’encens exprime son sacerdoce et la myrrhe prédit sa mort. Ces hommes, dont la tradition affirme qu’ils sont trois, sont des orientaux. Ils sont représentés sur les premiers sarcophages chrétiens coiffés du bonnet phrygien couvre-chef caractéristique de l’Orient et que l’on observe sur des bas-reliefs perses. Notons que dans ce lointain passé, on ne les nomme pas rois et que parfois ils sont quatre. C’est plus tard qu’ils sont nommés Balthazar, Gaspard et Melchior et que les artistes leur donnent un visage propre aux trois continents connus, l’Europe, l’Asie et l’Afrique, rappelant ainsi qu’ils représentent toutes les nations. Si le récit des mages ne manque pas de merveilleux, il montre que tous, y compris les autorités et les savants, sont invités à adorer Jésus, Dieu fait homme. Ainsi la vie spirituelle du chrétien s’appuie sur une relation personnelle de prière et de contemplation : « quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret. » (Mt 6,6) Là, l’âme trouve son Seigneur et puise l’inspiration et l’élan en vue du témoignage et de l’action caritative. « L’Église n’est pas une ONG » dit le Pape François, ajoutons qu’elle est la famille de Dieu, le corps du Christ, qui a vocation de susciter des relations d’amour en notre société et de conduire chacun à sa destinée finale, le Ciel. Prier pour aimer, adorer pour servir, voici notre vocation.
Aujourd’hui, il n’est point possible de regarder le ciel pour y trouver une étoile inconnue qui se déplacerait vers le Seigneur Jésus, car le ciel est amplement cartographié par les astrophysiciens. Mais comment alors l’homme contemporain, à l’instar des mages chercheurs de Dieu, trouvera-t-il un guide pour rencontrer le visage de Jésus ? N’est-ce pas par nous qui portons la lumière de la résurrection depuis notre baptême ? La foi de l’Église s’est répandue par la transmission. Jésus a confié aux disciples tout son trésor, c’est-à-dire la Parole et les sacrements comme moyens du salut. Ce trésor pouvait se perdre, et parfois il a été perdu, certes par les déplacements des chrétiens, par la persécution, mais surtout – en Europe essentiellement – par la tiédeur des chrétiens. La majorité des parents baptisés n’ont plus montré l’étoile à leurs enfants, ils n’ont plus enseigné la Bible à leur descendance. Les enseignants des écoles catholiques se sont abstenus de parler de Jésus. Les politiques ont mis leur foi dans leur poche au nom de la laïcité. Alors tant d’enfants ont été privés de la merveilleuse histoire du salut. Aujourd’hui, être une étoile pour son frère, voici ce que je vous souhaite à chacun en cette nouvelle année. Expérimentons cette joie du témoignage. Il y a urgence d’être chrétien car la privation de toute relation avec Dieu est une grande pauvreté. « Je viens vous annoncer une grande joie, aujourd’hui vous est né un sauveur, le Christ, le Seigneur » (Lc 2,11) En serons-nous les porte-voix ?
C’est une nouvelle année qui s’ouvre à nous. Des joies nous seront données. Des épreuves arriveront. Certains partiront vers Dieu. Ensemble, en communion, nous servirons. Je vous souhaite mes vœux les meilleurs, vœux de paix, de charité, de sainteté. Ma prière accompagne vos vies, vos familles et vos projets. Je vous propose que nous priions maintenant en ce sens, pour que l’humanité soit solidaire, au chevet des plus souffrants, généreuse pour le bien commun, attentive particulièrement à une juste écologie qui inclut un partage des biens matériels et spirituels.
Seigneur, merci pour cette nouvelle année de vie et pour tout ce que tu nous as accordé l’année dernière.
Nous déposons devant toi toutes les déceptions et le travail inachevé, et nous demandons ta miséricorde, ta paix et ta joie au moment où nous envisageons l’année à venir.
Tandis que nous discernons le chemin que tu as pour nous dans cette nouvelle année, puissions-nous nous réjouir du don de ta présence.
Amen.
(Prière tirée du site https://www.christianitytoday.com)